Bon alors, je viens de sortir au métro Blanche, j'ai rendez-vous,
cité Véran, à la maison de Boris Vian, avec Carmen,
et oui, tout un programme. Vous vous demandez ce que je fous chez Boris Vian,
hein ? Hum, c'est une longue histoire ! La Diagonale des Autres,
épisode 7 Pour mémoire, dans l'épisode précédent,
je vous racontais mon marathon et mon ultra-trail.
Ou comment je me suis donnée physiquement, avec plus ou moins de succès,
pour tenter de comprendre l'engouement de mon entourage,
et plus particulièrement celui de mon mec, pour la course.
Tentative éreintante et peu concluante. Dans cet épisode,
je vous raconte la suite, où comment, après avoir souffert,
j'ai décidé de changer de tactique. Au lieu d'attaquer la problématique frontalement et de prendre
des murs, ou plutôt des montagnes dans la gueule,
je l'ai abordé de biais, pour ne pas dire en diagonale.
Puisque la course, ce n'était pas pour moi, autant l'assumer à fond et faire ce que je sais faire
de mieux, raconter cette histoire. Autrement dit,
je me mettais sérieusement à travailler ce podcast qui n'était jusque-là qu'un projet parmi
d'autres. Et puis, comme toujours quand on se met à regarder les choses de biais,
on a les idées qui foisonnent. Spéciale dédicace aux stratégies obliques de Brian Eno et Peter
Schmidt, notamment utilisée par David Bowie pour son album Heroes.
Vous vous renseignerez si vous ne connaissez pas.
Bref. Il se trouve qu'une semaine avant le trail,
qui a été le point culminant de toutes mes douleurs,
j'étais allée au concert de la grande, enfin pas très grande d'ailleurs,
disons plutôt la talentueuse, la merveilleuse, la sublime Carmen Maria Vega et que je n'avais pas seulement eu ses chansons
dans la tête pendant toute la course, j'avais aussi été hantée par cette figure féminine flamboyante pour une toute autre
raison. Carmen chante donc, du Boris Vian mais pas que,
puisqu'elle est en train de boucler son quatrième album de chansons originales,
En tout cas, c'est ce qui explique qu'elle traîne sa carcasse dans les anciens appartements de Monsieur où elle est accueillie
par Nicole Bertholdt, mandataire de l'œuvre de Viens depuis 40 ans.
Carmen est aussi comédienne, productrice, réalisatrice,
autrice et accessoirement, c'est la grande prêtresse du BDSM parisien.
D'ailleurs, elle est souvent habillée et déshabillée par Madame de Maison Chardon.
Le BDSM, tout le monde voit ce que c'est ?
Assistant vocal sportif ? Non, en fait non, je vais plutôt demander à quelqu'un d'autre pour ça.
Assistant vocal libertin ? C'est quoi le BDSM ? B comme bonding,
D comme domination, S comme sadisme et M comme masochisme.
Pour ne pas être censuré par les algorithmes, je dirais sobrement que le BDSM regroupe les pratiques sexuelles exercées
dans le cadre consenti d'une dynamique de pouvoir dominant ou soumis et de plaisir dans la douleur
ou non et oui, les caricatures ont la vie dure très dure Quel est le lien,
vous allez me dire ? Mais si, allez, faites un petit effort.
Quand on a le trail, j'étais là, mais ouais, mais en fait,
le trail, c'est du BDSM, mais oui, mais c'est complètement ça.
Mais en fait, jusqu'où tu peux aller, te pousser dans tes retranchements ?
C'est de l'adrénaline. Et du coup, je me demandais si toi,
tu avais déjà fait le lien avec les sports extrêmes,
ou pas extrêmes, ou d'ailleurs. bah oui moi j'ai été en couple avec un boxeur pendant trois ans et j'ai complètement épousé
la discipline pas en elle-même parce que je voulais pas me blesser mais tout leur entraînement je le faisais et les premiers
j'ai gerbé quoi même tombé dans les pommes tu dis mais pourquoi on fait ça et en fait il y a un truc de dépassement de soi
et de douleur Oui, c'est intéressant. C'est sa quête de la vie.
Le sens même de la vie. Elle est au bout de sa capacité jusqu'à la mort,
tu vois, quelque part. Pourquoi ? Mais là, c'est presque peut-être même l'inverse,
c'est-à-dire que c'est un côté de trompe-la-mort.
Oui, je peux le faire, oui... En tout cas, c'est peut-être une peur de la mort.
Et il y a aussi une histoire de franchissement, c'est-à-dire que...
est-ce qu'il y a des histoires de franchissement aussi,
comme ça, de barrières psychologiques ou physiques donc il y a jusqu'où il y a un parallèle avec le
SM, moi je n'en sais rien du tout mais voilà, c'était pour ça,
c'était sur cette piste-là que je t'emmenais et que je te posais la question En écoutant ce
passage, je me rends compte que j'étais venue voir Carmen avec une idée toute faite de ce que j'imaginais qu'elle allait
me répondre. D'ailleurs ça s'entend j'essaie de lui faire dire des choses qu'elle laisse poliment de côté en revanche elle
me passe des messages que je n'attendais pas et c'est ça qui est intéressant le bdsm déjà il n'y a pas un bdsm c'est comme
une sexualité enfin je veux dire ça fait partie des sexualités d'ailleurs mais il n'y a pas une façon de faire l'amour justement
si tu es dans le laisser-aller il faut que tout soit possible bien sûr mais après même dans ça tu as le droit de ne plus
avoir envie d'être dominant par exemple et d'un seul coup de vouloir être dominée dans le même
acte.
Pas le lendemain, mais pendant l'acte, on est tellement formaté genre le missionnaire,
papa dans maman, bisous. Mais en fait, ça peut tellement être le contraire,
ça peut tellement être maman dans papa ! Maman dans papa !
Et puis pendant, on dit « Oh, ça y est, j'en ai marre,
vas-y, à toi ! » Oui, mais c'est là où mes connaissances sont limitées mais c'est pas forcément dans la douleur non pas
forcément alors que mais leur pratique mais dans le bdsm il ya la douleur mais il n'y a pas que ça il y en a ils supportent
pas la douleur les fouets c'est pas leur truc C'est mental aussi.
Une soumission mentale. Savoir que t'es à un mètre,
mais t'es pas forcément assise avec une petite laisse,
tu vois. Il y a quelque chose de mental qui est recherché,
qui peut se rapprocher du tantrisme. Il n'y a pas forcément de pénétration,
ou de douleur, tu vois. Il y a des gens qui aiment regarder les autres,
c'est tout, mais c'est pas en termes de voyeur, mais en termes de privation d'actes.
Tout ça est très mental, de toute façon. Donc en ça,
ça rejoint un peu la course. Mais il n'y a pas que la notion de douleur La dimension mentale de la douleur est pas seulement
physique, par exemple. Je l'avais complètement sous-estimée,
alors qu'elle me paraît pourtant évidente et même omniprésente dans l'ultra-trail.
Et puis surtout, ce que j'ai pas mal médité après coup,
oui, oui, carrément médité, c'est l'histoire de papa dans maman et maman dans papa.
D'abord parce que ça m'a fait rire, mais ça m'a aussi fait réfléchir.
Je me suis tournée vers Carmen pour mettre en cause Loïc et pointer ce que je considère être du masochisme de sa part de
courir comme il court, mais quid de mon propre masochisme à moi qui accepte de subir tout ça ?
Et là, on en revient au tout début de ce podcast d'ailleurs,
si vous vous souvenez, et plus précisément l'épisode 1.
J'évoquais à demi-mot l'autoflagellation. Mais quand je vous disais ça,
j'avais déjà parlé à Carmen en fait. Par ailleurs,
non seulement j'accepte tout ça, mais en plus j'en rajoute une couche en faisant ce podcast.
Bon, ceci dit, je suis aussi un peu sadique, puisque je sais pertinemment que ce n'est pas de gaieté de cœur que Loïc me
voit ouvrir mon micro à tout moment et qu'ils le considèrent comme une véritable intrusion dans
notre vie. Autrement dit, à force de vivre un modèle de vie papa dans maman,
c'est-à-dire Loïc qui fait subir à Laetitia le mode de vie qu'impose sa passion pour la course,
on est passé à un modèle de vie maman dans papa, avec une Laetitia qui fait subir à Loïc son
podcast. Vous trouverez peut-être que je vais trop loin,
mais moi j'aime beaucoup cette explication. Et je trouve que ça rééquilibre les choses en plus.
Tu parles pas tellement d'eux en fait, tu parles de vous,
enfin en tout cas pour l'instant. C'est bien parce que ils monopolisent un peu comment dire les
sujets de conversation. les soirées, les dîners, les déjeuners,
les apéros. Et même si Loïc ne fait pas tant chier que ça au quotidien,
du moins comparativement à d'autres, je veux dire par là qu'il n'a pas de régime alimentaire
particulier, ce qui fait parfois débat mais reste plutôt sympathique au demeurant.
Il n'exige pas de moi que je fasse la groupie et que j'aille le soutenir à tout bout de champ,
j'y vais parce que je le veux bien. Et puis il a mis une croix sur l'idée de me faire devenir une vraie traileuse sans trop
moufter finalement. Même si Loïc ne fait pas tant chier que ça,
donc, le fait est que depuis deux ans, la diagonale est omniprésente.
Mathilde a raison. Nicolas le faisait remarquer dans l'épisode précédent aussi.
On ne parle que de ça. Et pas seulement avec les autres,
entre nous aussi. On évoque Mathieu, François, Ludovic,
Courtenay ou Cathy comme si c'était des potes. Comprendre Mathieu Blanchard,
François Daen, Ludovic Pomeray, Courtenay de Walter et Cathy Scheid,
ces champions et championnes de trail dont les conseils sont non seulement Également écoutées comme
paroles d'évangile, mais également relayées par nos soins comme si on les avait reçues
personnellement. Si quelqu'un prononce le mot ravitaillement,
on ne pense pas supermarché, on pense remplir les gourdes,
sortir les sandwiches, changer les chaussettes. Et même quand on parle d'autre chose,
la diagonale peut ressurgir à tout moment, dans n'importe quelle conversation.
Parfois même là où on l'attend le moins. C'est pas un bon âge.
Je suis un peu allé sur le reste des jambes. Oui,
t'as des chaussettes quoi. Non mais j'ai des chaussettes et le reste prend le soleil en fait C'est
bien simple, la diague s'est immiscée dans les moindres replis de notre vie Jusque dans ceux du canapé S'il n'y a qu'Anne-Valérie et
moi pour... Ah c'est dégueulasse, c'est trempé là C'est de la sueur Ah c'est immonde En plus,
Loïc et Yann courent tous les jours, ou presque.
Enfin, Yann, j'ai un doute. Mais Loïc court tous les jours,
c'est sûr,
parfois même deux fois par jour. Le week-end, ils font des sorties longues,
donc on a des demi-week-ends. Les samedis matins et les dimanches matins ont disparu,
aspirés dans le vortex de la course. Quand on est en vacances dans le sud de la France,
il faut se lever encore plus tôt pour courir parce qu'il fait chaud.
Donc ce sont les soirées qui s'amenuisent, non pas en quantité,
parce que nos coureurs restent, heureusement et malheureusement,
des fêtards, mais en longueur. Et de fait, soit on en est,
soit on n'en est pas. T'es in ou t'es out. Là, on est dimanche 25 mai,
il est 7h46. Je m'apprête à mettre mes chaussures de course pour sortir sous cette petite pluie
fine, fabuleuse. Allez prendre un air vert. Aujourd'hui,
on va dans la vallée de Chevreuse parce qu'il faut faire de la distance et il faut aussi faire du
dénivelé. À Paris, à part Montmartre, il n'y a pas des masses de trucs.
donc voilà c'est la fête des mères j'aurais bien fait une grasse mat mais non je me bouge Je ne
suis pas toujours le mouvement, mais en même temps,
si je ne le suis pas, on ne se voit pas. Un jour comme hier,
Loïc est parti courir à 3h le matin, il est rentré l'après-midi crevé,
il a fait une sieste. Donc voilà, aujourd'hui, je suis,
on sera rentré vers 13h je pense, faire un petit brunch avec nos enfants.
Tout ça pour dire qu'arrivés mi-juillet, Anne-Valérie et moi,
on saturait complètement. Il faut dire aussi qu'au mois de juin,
les garçons avaient fait un autre ultra-trail dans le Keras.
C'était la course validante de sécurité pour Loïc,
booké au cas où il n'aurait pas réussi à finir la précédente dans les Dolomites,
ce qui n'était pas le cas, mais bon. Loïc et Yann étaient inscrits,
ils s'étaient engagés auprès de copains et copines de trail qui devaient les rejoindre,
tout était organisé donc ça a été maintenu. Perso,
je n'y suis pas allée parce que je ne pouvais pas et ça m'arrangeait,
mais ma belle-sœur si. Et elle en est sortie dégoûtée.
Pour commencer, elle s'est retrouvée sur la ligne de départ suite au désistement d'une copine alors
que normalement, elle ne devait faire qu'accompagner.
Mauvaise idée. Très mauvaise idée, parce que ce trail était dur,
trop dur, même pour elle. Et puis en plus de son propre échec,
elle a vécu en direct l'abandon de Yann et Loïc.
Oui, oui, j'ai bien dit, abandon. Ils n'ont pas fini ce trail.
Ce qui nous foutait toutes les deux le doute sur leur capacité à finir la diague à venir et nous relançait sur nos questionnements
concernant leur préparation.
Ils ne sont pas prêts, ils ne sont pas bons. J'essaie de faire passer des messages,
mais ils passent pas. Merde, ils m'entourent. Des briefs avec Letty ?
Oui, on est très inquiètes, toutes les deux, figurez-vous.
Moi, j'ai eu le sentiment que, de toute façon, ils étaient au bout de leur vie.
Je vais aller leur poser leur question. On va mettre les pieds dans le plat,
parce qu'il y en a marre. Letty et moi, on a une question.
Parce que nous on est quand même inquiète On va se faire fier Vous vous êtes arrêté à 50 Parce que vous étiez au bout de
votre vie Ou parce que Laisse moi finir la question Ils sont casse couilles Est-ce que vous vous êtes arrêté à 50 Parce
que vous étiez au bout de votre vie Ou est-ce que vous vous êtes arrêté à 50 Parce que vous en aviez ras le cul Ou est-ce que
Non mais ras le cul en se disant Pas la volonté de finir on s'en fout de cette course Ou est-ce que vous vous êtes arrêté
à 50 parce que Jeanne, vous avez saoulé pendant 50 km,
vous ne vouliez plus faire les 17 derniers avec elle ?
Ou est-ce que... Non, mais pour Ken, en fait, nous,
on voudrait comprendre... La 2, parce qu'on a 3.
Non, alors, je vais reposer ma question. Moi, j'en avais marre.
Non, non, non. Alors, toi, t'en avais marre, mais t'avais pas la volonté de continuer.
Mais est-ce que t'aurais pu continuer ? Oui. Oui.
Bah, j'espère, parce que quand même, vous avez...
En fait, on ne comprend pas l'étriement comment deux gars qui prétendent faire la diag s'arrête à 50 km d'une course qui
est aussi exigeante voilà est-ce que et nous on est inquiète est-ce que c'est parce que vous étiez pas bien j'avais pas
envie de me presser sur la flamme donc c'est plutôt c'est plutôt pour vous préserver mais lui dit pas ça mais c'est Non
mais c'est de plus pour vous préserver une place.
C'est une petite chose ? Non c'est moi. C'est une petite qui a dit petite chose ?
Ah non non non c'est pas moi. Non mais moi en fait j'avais des coups de soleil partout.
Ah oui alors j'ai une photo, enfin je peux te faire une photo.
Effectivement c'est n'importe quoi. Aucun des deux n'avait une casquette.
Ça sert à quoi les casquettes ? Bah voilà. Et voilà,
et voilà. Ah mais ça sert à quoi la casquette ? J'ai toujours le dernier mot.
En fait ils ont toujours le dernier mot c'est une horreur.
Et il a deux soleils. Bon, est-ce que Lexie et moi on a de quoi s'inquiéter ou pas ?
Non. Ça non, j'ai pour l'heure, non ? Est-ce que quelqu'un a un stylo ?
Voilà, bon bah on s'inquiète pas alors. Non.
C'est toujours difficile d'avoir une conversation sérieuse avec eux.
Mais on a fini par comprendre, parce qu'on a eu d'autres conversations après ce dialogue de sourds,
que si Loïc et Yann avaient arrêté, ce n'était pas parce qu'ils n'en pouvaient plus,
c'était parce qu'ils voulaient arrêter. Ce qui était plutôt rassurant.
Et sur leur préparation, et sur leur capacité à être un peu moins cons qu'on le pensait.
Non mais c'est vrai que là, ça a été assez courageux de leur part de s'arrêter,
parce qu'en plus tu vois c'était on était tout un groupe certains allaient finir certains avaient fini donc de s'arrêter c'est
un peu tu sais ils ont un amour propre tous les deux voilà et en fait moi je les ai vus aux 50 ils étaient capables quand
même de repartir il avait eu la volonté où il était quand même au bout de leur vie mais mais ils auraient fini tu vois il
aurait fini on avait le nom et a fini plus de temps mais finissent mais en fait c'est vrai que depuis le temps qu'on leur
dit on n'est pas en fait nous aussi on est assez contradictoire parce que depuis le temps qu'on leur dit il y en a marre
vous savez pas vous arrêtez quand il faut on leur a fait tout un speech sur la diag en leur promettant de s'arrêter s'ils sentent
qu'il faut s'arrêter et là ils s'arrêtent et en fait on leur prend moi je pense que c'est bien en fait tu vois en fait parce
que vous avez une peur derrière en fait ouais c'est pas que vous leur reprochez d'avoir arrêté ben on a la trouille de se
dire que s'ils se sont arrêtés à 50 là c'est qu'ils sont pas prêts Et Jeanne,
que vous venez d'entendre avec ma belle-sœur, sait de quoi elle parle parce que des trails,
elle en a fait un paquet. Dans les mois qui ont suivi,
Loïc et Yann ont continué à s'entraîner. En faisant du volume,
toujours, mais en prenant aussi conscience qu'il fallait faire d'autres choses que simplement
courir. Comme quoi, ça a du bon d'échanger avec des coureurs qui font autrement.
Et surtout avec des coureuses. Les messages semblaient mieux passer auprès d'Yann et Loïc avec des
femmes. Enfin, des femmes autres que les leurs. Et surtout avec des femmes respectables,
qui savent vraiment de quoi elles parlent puisqu'elles en quillent autant qu'eux.
Et qu'elles inspirent le respect. Ce qui nous ramène encore à Jeanne.
Non mais en fait il faut faire du volume Mais non ta gueule Jeanne Mais parce que j'en ai marre qu'il fasse du volume Mais
non mais du volume de dénivelé Pas du volume ça sert à rien Du volume du volume Non mais attends Anne-Valérie Là il faut
faire du Non mais il faut faire des sorties Dénivelé Mais il faut faire du fractionné aussi Non je
pense pas Ah,
pour le tag, non ? Non, il m'a fait faire pas mal de renfots.
Vous en faites ? Ça, alors là, si vous voulez, je vous envoie les trucs qu'il m'a envoyés.
C'est des renfots de descente. Je vous enverrai,
si vous voulez, les PDF qu'il m'a envoyés. C'est audio,
la plio. Alors, tu sais ce qu'il me faisait faire,
moi ? Il me demandait de monter 4 à 5 fois. Et à la fin,
6 fois, je faisais 6 fois les 35 étages, et après j'allais courir une heure.
6 fois, 35 étages, et aller courir une heure. Je peux te dire que quand tu débarques ton run,
vous avez mon pote Rav avec qui je m'entraînais,
il me disait, qu'est-ce qui t'arrive, t'es derrière.
En fait c'est de la pré-fatigue, mais de la pré-fatigue sur le moment,
ça c'est bien ça. On était rassurés donc, mais quand même on en avait marre.
Marre au point que je ne cherche même plus de façon sophistiquée pour vous le dire autrement.
Mais la bonne nouvelle dans tout ça, enfin pour moi,
c'est que j'avais entre guillemets retrouvé ma belle-sœur.
Anne-Valérie avait vécu pendant le Keras ce que j'avais vécu moi pendant les Dolomites.
Elle avait été à la traîne tout le long, dépassée par l'ampleur de l'effort à fournir et sérieusement atteinte par cette
expérience. Et finalement, après s'être sentie poussée des ailes et avoir même envisagé de faire de
plus gros trails, elle avait peut-être fait celui de trop.
Ou peut-être trop tôt. En tout cas, cet événement l'avait brutalement fait redescendre sur Terre,
sur ma Terre, et elle cessait d'être une extraterrestre comme les autres.
Pour mon plus grand bonheur. Non pas que je me réjouisse du fait qu'elle ait morflé,
mais encore une fois, j'étais contente et surtout soulagée de la retrouver.
Notre nouvelle résolution commune ? Garder les pieds sur Terre.
Regarder nos aliens de coureurs d'en bas. Et ne plus nous mêler de quoi que ce soit.
Surtout pas de leur préparation. Je trouve qu'en tant qu'accompagnateur et dans la préparation de
cette seconde diag, moi je trouve qu'il y a un truc qui est assez déterminant c'est en fait et qui
est dur, qui est pas facile c'est leur faire confiance c'est à eux,
enfin je les responsabilise en fait, c'est à dire que c'est à eux de mesurer le risque,
c'est à eux de évidemment j'aurais peur quand même,
mais après si tu veux, c'est leur liberté aussi,
je suis fière et j'ai des émotions liées à leur course etc,
mais ce qui est important c'est de leur laisser la liberté de faire ce qu'ils veulent sans que moi de leur laisser la liberté
de se détruire.
En fait, quelque part, elle a quand même raison. C'est vrai qu'après tout,
en réalité, chaque vrai trailer se connaît, tu vois,
et est responsable de ce qu'il fait. Il sait qu'il doit s'entraîner une heure et demie par jour.
Il connaît son corps et chaque corps fonctionne différemment.
Et finalement, il n'y a pas de recette. Et du coup,
c'est là où Soufazik a raison, c'est un peu leur responsabilité à eux de se préparer comme ils le
sentent. Moi, à chaque fois que je dis à Yann, enfin,
maintenant je le fais plus, mais à chaque fois que je dis à Yann,
tu devrais faire du renfort, comme toi, j'ai lâché aussi,
tu devrais faire du renfort, du yoga, tu devrais boire moins,
il me fait à chaque fois, écoute, je l'ai fini. Loïc l'a fini quasiment,
on n'était quand même pas à ce point à la ramasse,
donc on va juste s'améliorer un peu, mais en gros,
on n'a pas besoin non plus de changer drastiquement.
À suivre. La Diagonale des Autres. Un documentaire pensé,
écrit et incarné par Laetitia Lantieri. Coproduit par Octopus Productions.
À la réalisation, Laetitia Lantieri. À la co-réalisation et au son,
Alexandre Roussin. Musique originale, Alexandre Roussin.
Sous-titrage ST'501