Explicit La Diagonale des Autres – Épisode 7 – la quête de (non)sens
S01:E07

La Diagonale des Autres – Épisode 7 – la quête de (non)sens

Episode description

Dans cet épisode, je vous raconte comment j’ai continué à essayer de comprendre cette frénésie de course qui m’échappe, coûte que coûte, en explorant tout un tas de choses… et même le BDSM !

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Bon alors, je viens de sortir au métro Blanche, j'ai rendez-vous,

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cité Véran, à la maison de Boris Vian, avec Carmen,

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et oui, tout un programme. Vous vous demandez ce que je fous chez Boris Vian,

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hein ? Hum, c'est une longue histoire ! La Diagonale des Autres,

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épisode 7 Pour mémoire, dans l'épisode précédent,

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je vous racontais mon marathon et mon ultra-trail.

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Ou comment je me suis donnée physiquement, avec plus ou moins de succès,

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pour tenter de comprendre l'engouement de mon entourage,

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et plus particulièrement celui de mon mec, pour la course.

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Tentative éreintante et peu concluante. Dans cet épisode,

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je vous raconte la suite, où comment, après avoir souffert,

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j'ai décidé de changer de tactique. Au lieu d'attaquer la problématique frontalement et de prendre

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des murs, ou plutôt des montagnes dans la gueule,

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je l'ai abordé de biais, pour ne pas dire en diagonale.

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Puisque la course, ce n'était pas pour moi, autant l'assumer à fond et faire ce que je sais faire

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de mieux, raconter cette histoire. Autrement dit,

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je me mettais sérieusement à travailler ce podcast qui n'était jusque-là qu'un projet parmi

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d'autres. Et puis, comme toujours quand on se met à regarder les choses de biais,

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on a les idées qui foisonnent. Spéciale dédicace aux stratégies obliques de Brian Eno et Peter

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Schmidt, notamment utilisée par David Bowie pour son album Heroes.

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Vous vous renseignerez si vous ne connaissez pas.

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Bref. Il se trouve qu'une semaine avant le trail,

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qui a été le point culminant de toutes mes douleurs,

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j'étais allée au concert de la grande, enfin pas très grande d'ailleurs,

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disons plutôt la talentueuse, la merveilleuse, la sublime Carmen Maria Vega et que je n'avais pas seulement eu ses chansons

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dans la tête pendant toute la course, j'avais aussi été hantée par cette figure féminine flamboyante pour une toute autre

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raison. Carmen chante donc, du Boris Vian mais pas que,

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puisqu'elle est en train de boucler son quatrième album de chansons originales,

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En tout cas, c'est ce qui explique qu'elle traîne sa carcasse dans les anciens appartements de Monsieur où elle est accueillie

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par Nicole Bertholdt, mandataire de l'œuvre de Viens depuis 40 ans.

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Carmen est aussi comédienne, productrice, réalisatrice,

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autrice et accessoirement, c'est la grande prêtresse du BDSM parisien.

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D'ailleurs, elle est souvent habillée et déshabillée par Madame de Maison Chardon.

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Le BDSM, tout le monde voit ce que c'est ?

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Assistant vocal sportif ? Non, en fait non, je vais plutôt demander à quelqu'un d'autre pour ça.

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Assistant vocal libertin ? C'est quoi le BDSM ? B comme bonding,

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D comme domination, S comme sadisme et M comme masochisme.

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Pour ne pas être censuré par les algorithmes, je dirais sobrement que le BDSM regroupe les pratiques sexuelles exercées

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dans le cadre consenti d'une dynamique de pouvoir dominant ou soumis et de plaisir dans la douleur

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ou non et oui, les caricatures ont la vie dure très dure Quel est le lien,

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vous allez me dire ? Mais si, allez, faites un petit effort.

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Quand on a le trail, j'étais là, mais ouais, mais en fait,

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le trail, c'est du BDSM, mais oui, mais c'est complètement ça.

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Mais en fait, jusqu'où tu peux aller, te pousser dans tes retranchements ?

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C'est de l'adrénaline. Et du coup, je me demandais si toi,

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tu avais déjà fait le lien avec les sports extrêmes,

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ou pas extrêmes, ou d'ailleurs. bah oui moi j'ai été en couple avec un boxeur pendant trois ans et j'ai complètement épousé

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la discipline pas en elle-même parce que je voulais pas me blesser mais tout leur entraînement je le faisais et les premiers

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j'ai gerbé quoi même tombé dans les pommes tu dis mais pourquoi on fait ça et en fait il y a un truc de dépassement de soi

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et de douleur Oui, c'est intéressant. C'est sa quête de la vie.

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Le sens même de la vie. Elle est au bout de sa capacité jusqu'à la mort,

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tu vois, quelque part. Pourquoi ? Mais là, c'est presque peut-être même l'inverse,

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c'est-à-dire que c'est un côté de trompe-la-mort.

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Oui, je peux le faire, oui... En tout cas, c'est peut-être une peur de la mort.

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Et il y a aussi une histoire de franchissement, c'est-à-dire que...

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est-ce qu'il y a des histoires de franchissement aussi,

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comme ça, de barrières psychologiques ou physiques donc il y a jusqu'où il y a un parallèle avec le

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SM, moi je n'en sais rien du tout mais voilà, c'était pour ça,

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c'était sur cette piste-là que je t'emmenais et que je te posais la question En écoutant ce

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passage, je me rends compte que j'étais venue voir Carmen avec une idée toute faite de ce que j'imaginais qu'elle allait

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me répondre. D'ailleurs ça s'entend j'essaie de lui faire dire des choses qu'elle laisse poliment de côté en revanche elle

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me passe des messages que je n'attendais pas et c'est ça qui est intéressant le bdsm déjà il n'y a pas un bdsm c'est comme

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une sexualité enfin je veux dire ça fait partie des sexualités d'ailleurs mais il n'y a pas une façon de faire l'amour justement

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si tu es dans le laisser-aller il faut que tout soit possible bien sûr mais après même dans ça tu as le droit de ne plus

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avoir envie d'être dominant par exemple et d'un seul coup de vouloir être dominée dans le même

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acte.

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Pas le lendemain, mais pendant l'acte, on est tellement formaté genre le missionnaire,

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papa dans maman, bisous. Mais en fait, ça peut tellement être le contraire,

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ça peut tellement être maman dans papa ! Maman dans papa !

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Et puis pendant, on dit « Oh, ça y est, j'en ai marre,

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vas-y, à toi ! » Oui, mais c'est là où mes connaissances sont limitées mais c'est pas forcément dans la douleur non pas

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forcément alors que mais leur pratique mais dans le bdsm il ya la douleur mais il n'y a pas que ça il y en a ils supportent

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pas la douleur les fouets c'est pas leur truc C'est mental aussi.

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Une soumission mentale. Savoir que t'es à un mètre,

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mais t'es pas forcément assise avec une petite laisse,

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tu vois. Il y a quelque chose de mental qui est recherché,

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qui peut se rapprocher du tantrisme. Il n'y a pas forcément de pénétration,

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ou de douleur, tu vois. Il y a des gens qui aiment regarder les autres,

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c'est tout, mais c'est pas en termes de voyeur, mais en termes de privation d'actes.

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Tout ça est très mental, de toute façon. Donc en ça,

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ça rejoint un peu la course. Mais il n'y a pas que la notion de douleur La dimension mentale de la douleur est pas seulement

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physique, par exemple. Je l'avais complètement sous-estimée,

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alors qu'elle me paraît pourtant évidente et même omniprésente dans l'ultra-trail.

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Et puis surtout, ce que j'ai pas mal médité après coup,

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oui, oui, carrément médité, c'est l'histoire de papa dans maman et maman dans papa.

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D'abord parce que ça m'a fait rire, mais ça m'a aussi fait réfléchir.

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Je me suis tournée vers Carmen pour mettre en cause Loïc et pointer ce que je considère être du masochisme de sa part de

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courir comme il court, mais quid de mon propre masochisme à moi qui accepte de subir tout ça ?

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Et là, on en revient au tout début de ce podcast d'ailleurs,

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si vous vous souvenez, et plus précisément l'épisode 1.

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J'évoquais à demi-mot l'autoflagellation. Mais quand je vous disais ça,

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j'avais déjà parlé à Carmen en fait. Par ailleurs,

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non seulement j'accepte tout ça, mais en plus j'en rajoute une couche en faisant ce podcast.

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Bon, ceci dit, je suis aussi un peu sadique, puisque je sais pertinemment que ce n'est pas de gaieté de cœur que Loïc me

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voit ouvrir mon micro à tout moment et qu'ils le considèrent comme une véritable intrusion dans

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notre vie. Autrement dit, à force de vivre un modèle de vie papa dans maman,

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c'est-à-dire Loïc qui fait subir à Laetitia le mode de vie qu'impose sa passion pour la course,

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on est passé à un modèle de vie maman dans papa, avec une Laetitia qui fait subir à Loïc son

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podcast. Vous trouverez peut-être que je vais trop loin,

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mais moi j'aime beaucoup cette explication. Et je trouve que ça rééquilibre les choses en plus.

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Tu parles pas tellement d'eux en fait, tu parles de vous,

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enfin en tout cas pour l'instant. C'est bien parce que ils monopolisent un peu comment dire les

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sujets de conversation. les soirées, les dîners, les déjeuners,

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les apéros. Et même si Loïc ne fait pas tant chier que ça au quotidien,

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du moins comparativement à d'autres, je veux dire par là qu'il n'a pas de régime alimentaire

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particulier, ce qui fait parfois débat mais reste plutôt sympathique au demeurant.

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Il n'exige pas de moi que je fasse la groupie et que j'aille le soutenir à tout bout de champ,

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j'y vais parce que je le veux bien. Et puis il a mis une croix sur l'idée de me faire devenir une vraie traileuse sans trop

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moufter finalement. Même si Loïc ne fait pas tant chier que ça,

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donc, le fait est que depuis deux ans, la diagonale est omniprésente.

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Mathilde a raison. Nicolas le faisait remarquer dans l'épisode précédent aussi.

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On ne parle que de ça. Et pas seulement avec les autres,

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entre nous aussi. On évoque Mathieu, François, Ludovic,

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Courtenay ou Cathy comme si c'était des potes. Comprendre Mathieu Blanchard,

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François Daen, Ludovic Pomeray, Courtenay de Walter et Cathy Scheid,

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ces champions et championnes de trail dont les conseils sont non seulement Également écoutées comme

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paroles d'évangile, mais également relayées par nos soins comme si on les avait reçues

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personnellement. Si quelqu'un prononce le mot ravitaillement,

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on ne pense pas supermarché, on pense remplir les gourdes,

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sortir les sandwiches, changer les chaussettes. Et même quand on parle d'autre chose,

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la diagonale peut ressurgir à tout moment, dans n'importe quelle conversation.

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Parfois même là où on l'attend le moins. C'est pas un bon âge.

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Je suis un peu allé sur le reste des jambes. Oui,

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t'as des chaussettes quoi. Non mais j'ai des chaussettes et le reste prend le soleil en fait C'est

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bien simple, la diague s'est immiscée dans les moindres replis de notre vie Jusque dans ceux du canapé S'il n'y a qu'Anne-Valérie et

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moi pour... Ah c'est dégueulasse, c'est trempé là C'est de la sueur Ah c'est immonde En plus,

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Loïc et Yann courent tous les jours, ou presque.

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Enfin, Yann, j'ai un doute. Mais Loïc court tous les jours,

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c'est sûr,

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parfois même deux fois par jour. Le week-end, ils font des sorties longues,

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donc on a des demi-week-ends. Les samedis matins et les dimanches matins ont disparu,

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aspirés dans le vortex de la course. Quand on est en vacances dans le sud de la France,

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il faut se lever encore plus tôt pour courir parce qu'il fait chaud.

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Donc ce sont les soirées qui s'amenuisent, non pas en quantité,

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parce que nos coureurs restent, heureusement et malheureusement,

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des fêtards, mais en longueur. Et de fait, soit on en est,

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soit on n'en est pas. T'es in ou t'es out. Là, on est dimanche 25 mai,

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il est 7h46. Je m'apprête à mettre mes chaussures de course pour sortir sous cette petite pluie

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fine, fabuleuse. Allez prendre un air vert. Aujourd'hui,

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on va dans la vallée de Chevreuse parce qu'il faut faire de la distance et il faut aussi faire du

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dénivelé. À Paris, à part Montmartre, il n'y a pas des masses de trucs.

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donc voilà c'est la fête des mères j'aurais bien fait une grasse mat mais non je me bouge Je ne

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suis pas toujours le mouvement, mais en même temps,

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si je ne le suis pas, on ne se voit pas. Un jour comme hier,

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Loïc est parti courir à 3h le matin, il est rentré l'après-midi crevé,

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il a fait une sieste. Donc voilà, aujourd'hui, je suis,

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on sera rentré vers 13h je pense, faire un petit brunch avec nos enfants.

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Tout ça pour dire qu'arrivés mi-juillet, Anne-Valérie et moi,

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on saturait complètement. Il faut dire aussi qu'au mois de juin,

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les garçons avaient fait un autre ultra-trail dans le Keras.

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C'était la course validante de sécurité pour Loïc,

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booké au cas où il n'aurait pas réussi à finir la précédente dans les Dolomites,

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ce qui n'était pas le cas, mais bon. Loïc et Yann étaient inscrits,

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ils s'étaient engagés auprès de copains et copines de trail qui devaient les rejoindre,

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tout était organisé donc ça a été maintenu. Perso,

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je n'y suis pas allée parce que je ne pouvais pas et ça m'arrangeait,

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mais ma belle-sœur si. Et elle en est sortie dégoûtée.

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Pour commencer, elle s'est retrouvée sur la ligne de départ suite au désistement d'une copine alors

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que normalement, elle ne devait faire qu'accompagner.

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Mauvaise idée. Très mauvaise idée, parce que ce trail était dur,

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trop dur, même pour elle. Et puis en plus de son propre échec,

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elle a vécu en direct l'abandon de Yann et Loïc.

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Oui, oui, j'ai bien dit, abandon. Ils n'ont pas fini ce trail.

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Ce qui nous foutait toutes les deux le doute sur leur capacité à finir la diague à venir et nous relançait sur nos questionnements

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concernant leur préparation.

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Ils ne sont pas prêts, ils ne sont pas bons. J'essaie de faire passer des messages,

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mais ils passent pas. Merde, ils m'entourent. Des briefs avec Letty ?

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Oui, on est très inquiètes, toutes les deux, figurez-vous.

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Moi, j'ai eu le sentiment que, de toute façon, ils étaient au bout de leur vie.

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Je vais aller leur poser leur question. On va mettre les pieds dans le plat,

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parce qu'il y en a marre. Letty et moi, on a une question.

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Parce que nous on est quand même inquiète On va se faire fier Vous vous êtes arrêté à 50 Parce que vous étiez au bout de

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votre vie Ou parce que Laisse moi finir la question Ils sont casse couilles Est-ce que vous vous êtes arrêté à 50 Parce

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que vous étiez au bout de votre vie Ou est-ce que vous vous êtes arrêté à 50 Parce que vous en aviez ras le cul Ou est-ce que

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Non mais ras le cul en se disant Pas la volonté de finir on s'en fout de cette course Ou est-ce que vous vous êtes arrêté

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à 50 parce que Jeanne, vous avez saoulé pendant 50 km,

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vous ne vouliez plus faire les 17 derniers avec elle ?

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Ou est-ce que... Non, mais pour Ken, en fait, nous,

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on voudrait comprendre... La 2, parce qu'on a 3.

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Non, alors, je vais reposer ma question. Moi, j'en avais marre.

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Non, non, non. Alors, toi, t'en avais marre, mais t'avais pas la volonté de continuer.

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Mais est-ce que t'aurais pu continuer ? Oui. Oui.

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Bah, j'espère, parce que quand même, vous avez...

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En fait, on ne comprend pas l'étriement comment deux gars qui prétendent faire la diag s'arrête à 50 km d'une course qui

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est aussi exigeante voilà est-ce que et nous on est inquiète est-ce que c'est parce que vous étiez pas bien j'avais pas

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envie de me presser sur la flamme donc c'est plutôt c'est plutôt pour vous préserver mais lui dit pas ça mais c'est Non

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mais c'est de plus pour vous préserver une place.

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C'est une petite chose ? Non c'est moi. C'est une petite qui a dit petite chose ?

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Ah non non non c'est pas moi. Non mais moi en fait j'avais des coups de soleil partout.

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Ah oui alors j'ai une photo, enfin je peux te faire une photo.

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Effectivement c'est n'importe quoi. Aucun des deux n'avait une casquette.

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Ça sert à quoi les casquettes ? Bah voilà. Et voilà,

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et voilà. Ah mais ça sert à quoi la casquette ? J'ai toujours le dernier mot.

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En fait ils ont toujours le dernier mot c'est une horreur.

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Et il a deux soleils. Bon, est-ce que Lexie et moi on a de quoi s'inquiéter ou pas ?

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Non. Ça non, j'ai pour l'heure, non ? Est-ce que quelqu'un a un stylo ?

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Voilà, bon bah on s'inquiète pas alors. Non.

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C'est toujours difficile d'avoir une conversation sérieuse avec eux.

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Mais on a fini par comprendre, parce qu'on a eu d'autres conversations après ce dialogue de sourds,

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que si Loïc et Yann avaient arrêté, ce n'était pas parce qu'ils n'en pouvaient plus,

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c'était parce qu'ils voulaient arrêter. Ce qui était plutôt rassurant.

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Et sur leur préparation, et sur leur capacité à être un peu moins cons qu'on le pensait.

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Non mais c'est vrai que là, ça a été assez courageux de leur part de s'arrêter,

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parce qu'en plus tu vois c'était on était tout un groupe certains allaient finir certains avaient fini donc de s'arrêter c'est

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un peu tu sais ils ont un amour propre tous les deux voilà et en fait moi je les ai vus aux 50 ils étaient capables quand

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même de repartir il avait eu la volonté où il était quand même au bout de leur vie mais mais ils auraient fini tu vois il

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aurait fini on avait le nom et a fini plus de temps mais finissent mais en fait c'est vrai que depuis le temps qu'on leur

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dit on n'est pas en fait nous aussi on est assez contradictoire parce que depuis le temps qu'on leur dit il y en a marre

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vous savez pas vous arrêtez quand il faut on leur a fait tout un speech sur la diag en leur promettant de s'arrêter s'ils sentent

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qu'il faut s'arrêter et là ils s'arrêtent et en fait on leur prend moi je pense que c'est bien en fait tu vois en fait parce

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que vous avez une peur derrière en fait ouais c'est pas que vous leur reprochez d'avoir arrêté ben on a la trouille de se

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dire que s'ils se sont arrêtés à 50 là c'est qu'ils sont pas prêts Et Jeanne,

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que vous venez d'entendre avec ma belle-sœur, sait de quoi elle parle parce que des trails,

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elle en a fait un paquet. Dans les mois qui ont suivi,

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Loïc et Yann ont continué à s'entraîner. En faisant du volume,

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toujours, mais en prenant aussi conscience qu'il fallait faire d'autres choses que simplement

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courir. Comme quoi, ça a du bon d'échanger avec des coureurs qui font autrement.

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Et surtout avec des coureuses. Les messages semblaient mieux passer auprès d'Yann et Loïc avec des

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femmes. Enfin, des femmes autres que les leurs. Et surtout avec des femmes respectables,

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qui savent vraiment de quoi elles parlent puisqu'elles en quillent autant qu'eux.

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Et qu'elles inspirent le respect. Ce qui nous ramène encore à Jeanne.

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Non mais en fait il faut faire du volume Mais non ta gueule Jeanne Mais parce que j'en ai marre qu'il fasse du volume Mais

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non mais du volume de dénivelé Pas du volume ça sert à rien Du volume du volume Non mais attends Anne-Valérie Là il faut

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faire du Non mais il faut faire des sorties Dénivelé Mais il faut faire du fractionné aussi Non je

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pense pas Ah,

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pour le tag, non ? Non, il m'a fait faire pas mal de renfots.

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Vous en faites ? Ça, alors là, si vous voulez, je vous envoie les trucs qu'il m'a envoyés.

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C'est des renfots de descente. Je vous enverrai,

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si vous voulez, les PDF qu'il m'a envoyés. C'est audio,

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la plio. Alors, tu sais ce qu'il me faisait faire,

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moi ? Il me demandait de monter 4 à 5 fois. Et à la fin,

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6 fois, je faisais 6 fois les 35 étages, et après j'allais courir une heure.

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6 fois, 35 étages, et aller courir une heure. Je peux te dire que quand tu débarques ton run,

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vous avez mon pote Rav avec qui je m'entraînais,

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il me disait, qu'est-ce qui t'arrive, t'es derrière.

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En fait c'est de la pré-fatigue, mais de la pré-fatigue sur le moment,

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ça c'est bien ça. On était rassurés donc, mais quand même on en avait marre.

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Marre au point que je ne cherche même plus de façon sophistiquée pour vous le dire autrement.

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Mais la bonne nouvelle dans tout ça, enfin pour moi,

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c'est que j'avais entre guillemets retrouvé ma belle-sœur.

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Anne-Valérie avait vécu pendant le Keras ce que j'avais vécu moi pendant les Dolomites.

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Elle avait été à la traîne tout le long, dépassée par l'ampleur de l'effort à fournir et sérieusement atteinte par cette

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expérience. Et finalement, après s'être sentie poussée des ailes et avoir même envisagé de faire de

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plus gros trails, elle avait peut-être fait celui de trop.

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Ou peut-être trop tôt. En tout cas, cet événement l'avait brutalement fait redescendre sur Terre,

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sur ma Terre, et elle cessait d'être une extraterrestre comme les autres.

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Pour mon plus grand bonheur. Non pas que je me réjouisse du fait qu'elle ait morflé,

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mais encore une fois, j'étais contente et surtout soulagée de la retrouver.

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Notre nouvelle résolution commune ? Garder les pieds sur Terre.

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Regarder nos aliens de coureurs d'en bas. Et ne plus nous mêler de quoi que ce soit.

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Surtout pas de leur préparation. Je trouve qu'en tant qu'accompagnateur et dans la préparation de

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cette seconde diag, moi je trouve qu'il y a un truc qui est assez déterminant c'est en fait et qui

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est dur, qui est pas facile c'est leur faire confiance c'est à eux,

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enfin je les responsabilise en fait, c'est à dire que c'est à eux de mesurer le risque,

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c'est à eux de évidemment j'aurais peur quand même,

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mais après si tu veux, c'est leur liberté aussi,

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je suis fière et j'ai des émotions liées à leur course etc,

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mais ce qui est important c'est de leur laisser la liberté de faire ce qu'ils veulent sans que moi de leur laisser la liberté

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de se détruire.

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En fait, quelque part, elle a quand même raison. C'est vrai qu'après tout,

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en réalité, chaque vrai trailer se connaît, tu vois,

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et est responsable de ce qu'il fait. Il sait qu'il doit s'entraîner une heure et demie par jour.

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Il connaît son corps et chaque corps fonctionne différemment.

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Et finalement, il n'y a pas de recette. Et du coup,

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c'est là où Soufazik a raison, c'est un peu leur responsabilité à eux de se préparer comme ils le

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sentent. Moi, à chaque fois que je dis à Yann, enfin,

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maintenant je le fais plus, mais à chaque fois que je dis à Yann,

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tu devrais faire du renfort, comme toi, j'ai lâché aussi,

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tu devrais faire du renfort, du yoga, tu devrais boire moins,

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il me fait à chaque fois, écoute, je l'ai fini. Loïc l'a fini quasiment,

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on n'était quand même pas à ce point à la ramasse,

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donc on va juste s'améliorer un peu, mais en gros,

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on n'a pas besoin non plus de changer drastiquement.

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À suivre. La Diagonale des Autres. Un documentaire pensé,

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écrit et incarné par Laetitia Lantieri. Coproduit par Octopus Productions.

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À la réalisation, Laetitia Lantieri. À la co-réalisation et au son,

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Alexandre Roussin. Musique originale, Alexandre Roussin.

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Sous-titrage ST'501