Coucou Loïc, pourquoi ce message ? Parce qu'on a appris récemment que tu avais fait le choix,
donc j'insiste sur le fait que personne ne t'a forcé d'aller courir quelques kilomètres sur 2-3
jours. Avec Axel, on s'est posé la question de savoir quelle était cette motivation qui t'avait
poussé. On peut parler d'exploit. Généralement, on a donné la faculté de courir à l'être humain essentiellement pour fuir
les animaux dangereux. Et fuir des animaux dangereux pendant trois jours,
à part si tu étais peut-être en Australie ou au centre de l'Amazonie,
ce qui n'est absolument pas le cas. En fait, je te le dis,
tu n'es pas obligé de courir pendant trois jours.
J'insiste, mais apparemment, tu as fait ce choix.
Oui, c'est vrai. C'est vrai, courir, c'est déjà...
Mais pourquoi courir autant ? L'extrait que vous venez d'entendre est un des nombreux messages d'encouragement que Loïc
a reçus lors de la diagonale de l'année dernière.
Et beaucoup d'entre eux ont en point commun d'aborder,
comment dire ça délicatement, la pertinence de l'exercice.
Un sujet qui, vous le savez, m'interroge aussi. Et comme j'aime bien comprendre les choses,
j'ai commencé à me documenter sur cette pratique et ce milieu qui ne me sont pas totalement
étrangers, mais un peu quand même. En dehors de mes vagues souvenirs d'enfance où je revois mon père partir faire ce qu'on appelait
alors du footing et se lancer dans des marathons,
Je n'y connais pour ainsi dire rien. Et puis j'ai toujours détesté courir.
Mais force est de constater que ça parle à tout un tas de monde.
De la même manière que plein de gens aiment les moules marinières et le free jazz alors que moi
pas. Après tout, ça se discute pas, je respecte. Oui,
je suis d'accord. Et en même temps, j'ai l'impression qu'il y a aussi eu un effet quand même de
mode et un effet, pas de mode, mais un effet de société où tout le monde court.
C'est-à-dire que je pense qu'on est l'exception,
bientôt Laetitia, à ne pas courir beaucoup. Moi,
à mon bureau, ils ont tous moins de 30 ans et ils sont tous mis à courir.
alors eux ils font encore pour l'instant des courtes distances rapides mais là ils ont commencé leur premier trail j'ai un
collègue en partant qui m'a dit tu me feras écouter le podcast parce que moi dans quelques années je cours la diagonale
donc il y a aussi ce truc sociétal sociétal quand même c'est en train de devenir assez commun finalement peut-être que aussi
tu as moins de sens dans ton tu mets moins de sens dans ton travail ou en tout cas tu t'accomplis moins sur des choses type
acheter ou même capitalistique peut-être tu dis moi j'ai acheté ma maison voilà c'était ce que je voulais faire je me suis
tué la réussite sociale voilà il a été pendant longtemps et c'est peut-être que ça peut passer un peu plus pour ça aujourd'hui mais
pourquoi la course pourrait être autre chose tu vois ça pourrait s'exprimer dans plein de milieux différents dans l'art Ou
même dans le sport,
autrement qu'en course. Parce que justement, tout le monde peut se mettre à courir,
tu vois. Tu pars avec tes baskets et tu commences à courir,
quoi. Ça va, Soazic, c'est bon, j'ai dit je respecte.
Je me suis donc mise à lire, écouter, regarder des trucs.
Et il y a plein d'experts, sportifs et non sportifs,
qui parlent très bien de la course à pied, et surtout mieux que moi.
Le plaisir du dépassement de soi, l'accomplissement dans l'effort,
l'aspect sociétal du phénomène, coucou Soazic. Donc je ne vais pas m'étendre sur le sujet.
Mais je vous livre quand même l'analyse de notre pote Nico,
enfin pardon, je veux dire, professeur Nicolas Reyna,
chirurgien orthopédiste au CHU de Toulouse, parce que sa vision est très intéressante et qu'elle
l'est d'autant plus, enfin je trouve, qu'il connaît un peu Loïc.
Oui, tout à fait. Mais c'est pour ça que, en fait,
sur un côté pote, tu dis, c'est génial que mes copains,
parce que ce n'est pas le seul, se mettent à faire ça plutôt que de rien faire.
Il vaut mieux faire ça que se mettre à boire des cocktails et à faire n'importe quoi.
Ce qui est intéressant dans le cas de Louis, c'est qu'il fait les deux,
et ça posera aussi des questions, on le commentera après sur le plan médical,
mais c'est le côté un peu « je brûle la vie par les deux bouts » qui est assez fascinant,
parce qu'il arrive à le faire. Moi, sur le plan humain,
ou en tout cas grand pote, on va dire, c'est vrai que je trouve ça admirable.
Mais parce que moi, ça n'a pas d'impact sur la relation que je peux avoir avec lui et ma des
copains comme ça, qui font beaucoup de triathlons,
ils ne sont plus aux soirées, ils ne font plus rien en fait.
Et que les choses tournent autour de ça. Mais je crois qu'on ne s'est pas vu une fois sans qu'on
parle de ça. Mais c'est ok. Mais ça rejoint un autre pan qui est le côté médical qui est pourquoi
ils en parlent. Il y a la fierté de le faire, le fait d'avoir un sujet,
le fait que ça étonne les autres, etc. Mais il y a quand même le sujet principal qui est
l'addiction sport. Enfin, ça, non, ça s'appelle la bigorexie,
c'est une maladie. La bigorexie. Vous connaissiez-vous ?
Moi, pas. Enfin, pas le terme, du moins. Et je dois dire que j'aurais pu arrêter la conversation
là, parce que quand Nico a prononcé ce mot, ça a fait tilt dans ma tête.
Mais il était tellement intéressant que je l'ai laissé continuer.
Alors oui, c'est un peu long, mais vous allez voir,
à la fin, ça retombe sur Loïc. Mais c'est une maladie qui n'est pas très grave.
Et le problème, le biais d'analyse de beaucoup, et moi,
j'ai plein de médecins du sport autour de moi, c'est qu'ils en pratiquent eux aussi.
Et comme ils pratiquent, ils sont tous biaisés et tu as plein d'experts qui vont te dire « c'est
forcément génial, c'est trop cool ». Toutes les études disent que c'est bien de faire du sport.
Mais toutes les études disent aussi que le sport,
même pas outrance, abîme le cartilage, abîme les articulations,
état de décade. Alors, je n'ai aucune autorité pour parler de ça sur le plan cardiologique,
mais les hypertrophies cardiaques sont des choses,
des pathologies qui ne sont pas nouvelles, mais qui sont en augmentation et des gens qui pratiquent du sport en outrance
et qui ont des problèmes de cet ordre là alors moi je le vois sur le plan encore tôt je vois le fait que les gens s'habillent les
articulations on opère les gens de prothèses ou de traumatismes de plus en plus fréquemment et on traite beaucoup le nombre
de copains de copines qui ont des irm je rajouterai ouvrez les parenthèses,
payez par la sécurité sociale fermez la parenthèse parce que dans la préparation de sport,
de triathlon de trail, on a des inflammations à droite à gauche,
se font mal, doivent se faire infiltrer, etc. C'est une légion et là pour le coup c'est que de la pathologie musculosquelettique
qui a été créée et c'est d'autant plus difficile d'avoir un avis que le seuil est introuvable pour ces dernières des règles
alors que c'est une forcément individuelle. C'est ce que j'allais dire moi Loïc me fascine parce qu'il arrive à mêler tout
de front à aller faire la fête le soir et le lendemain à courir même si moi je pense que c'est pas bon force est de constater
qu'il va très bien et que tout se passe bien donc pour lui ça va mais t'aurais plein de gens qui feraient ça qui auraient
eu un problème mais est-ce qu'il a raison de le faire alors que lui ça va ?
bah oui mais on connait pas les conséquences long terme et bah en tout cas je te promets que si on doit se changer un genou
ou une hanche on viendra faire un petit séjour à Toulouse je le souhaite pas Pour en revenir à la
bigorexie donc, Loïc est-il atteint ? Je dirais oui.
Yann aussi. Anne-Valérie, j'ai un doute, mais moi certainement pas.
Ceci dit, étant moi-même victime de comportements excessifs dans d'autres domaines,
je voyais bien comment ça pouvait s'appliquer à la course.
Je ne le comprenais pas bien, mais je me mettais à pouvoir l'envisager.
Enfin,
c'est pas exactement ça. Bien sûr que je le comprenais,
je suis pas idiote. mais je le comprenais intellectuellement et ça ne me suffisait pas Vous me
voyez arriver ou pas ? J'ai eu besoin de le comprendre physiquement besoin de comprendre dans ma chair ce que Loïc vivait
et pourquoi il voulait le vivre raison pour laquelle je me suis pliée parce que je le voulais bien pas parce qu'on l'exigeait de
moi à me mettre vraiment à la course à pied tout en râlant,
spéciale dédicace à celles et ceux qui m'ont subi tout en galérant,
spéciale dédicace c'est les mêmes à celles et ceux qui m'ont traîné mais je m'y suis mise Et de fil
en aiguille, c'est une trop longue histoire pour que je vous la raconte ici,
mais pour la faire courte, je me suis retrouvée inscrite au Marathon de Paris.
Ça a commencé par une blague qui a fini par devenir réalité,
réalité dans laquelle je me suis retrouvée empêtrée,
un peu parce que je ne fais pas que sucer des glaçons en soirée,
un peu parce que ça avait l'air d'enthousiasmer tout le monde,
et aussi parce que ça tomberait le jour de mon anniversaire.
Je me disais, parce que là je suis en train de travailler sur d'autres épisodes,
t'es quand même un peu la spécialiste des cadeaux à la con.
Pourquoi tu dis ça ? Parce que je réécoute des extraits,
et je me rends compte que t'avais fait un cadeau d'anniversaire à Yann de La Diagonale.
Ah oui ! Et après, mon cadeau d'anniversaire à moi ?
Ah c'était le marathon ! Ah oui t'as raison putain !
Ah oui, et je me souviens c'était au PAX de Soisic !
Ouais ! Oh putain ! Après avoir dessoulé, j'ai un peu regretté d'avoir dit oui.
Mais en même temps, tout ça a été très cohérent avec ma quête expérimentale de sens.
Non, je pense que le marathon, je sais pas, mon marathon,
ce qui vient m'en nourrir, mon envie d'appartenir à mon groupe.
Mon envie de faire de famille à mon groupe de Loïc,
Yann Adveneri, tout ça. De faire plaisir à mon mec.
De tenir un engagement. Est-ce que ça te fait plaisir à toi,
non ? Tu t'en fous. Allô ? Je ne peux pas dire que ça me fasse plaisir.
je pense que ça remplit des cases c'est la performance ça me fait pas plaisir de courir je me dis
pas, tout le monde me dit essaye de profiter du moment ça va être génial,
essaye de te faire plaisir mais moi ça me fait pas plaisir de courir ce qui me fait plaisir c'est de m'engager aussi pour
ma belle-sœur à qui ce truc tient à cœur et de le faire avec elle et de nourrir cette relation qu'on a et de nourrir l'histoire sportive
familiale Mais en soi,
ça ne me fait pas plaisir. Je suis curieuse de voir si je vais réussir à aller au bout.
Parce que franchement, si j'y arrive, ce n'est pas que tout le monde peut y arriver,
mais ça veut dire que même en n'étant pas spécialement motivée et en t'entraînant,
tu peux le faire. Mais je ne pense pas que je vais vraiment plonger là-dedans.
C'est donc ainsi que début janvier 2025, je démarrais un entraînement de marathon avec sérieux et
discipline. Entre temps, mon père s'était mêlé à l'affaire.
Comme je l'évoquais plus haut, c'est un ancien marathonien.
il a fait du sport toute sa vie, il est en super forme pour un type de 76 ans et le fait que sa fille fasse un marathon
est peut-être le seul marathon de sa vie le titillait.
Et après moult hésitations et questionnements, il a fini par s'inscrire lui aussi,
ce qui m'engageait de fait encore plus. Et le 13 avril 2025,
je faisais donc mon marathon. Et encore une fois,
ceux qui me portaient, c'étaient les autres. Indirectement mon père,
même si en réalité on n'a pas pu courir ensemble,
on était chacun trop en galère pour envisager de se caler sur le rythme de l'autre.
Alors lui a été accompagné par mon fils, qui n'avait pas de dossard,
trop jeune pour s'inscrire, mais a couru en sous-marin et a littéralement joué les Golden
Retriever, allant en avant au ravito et revenant en arrière pour nourrir et abreuver son grand-père afin que ce dernier n'ait jamais
à s'arrêter, au risque de ne plus jamais repartir.
Et moi, j'ai couru avec Loïc, Yann, Anne-Valérie,
Christophe, Sophie, qui m'ont suivi, enfin plutôt attendu,
du début à la fin. Et ils ne m'ont pas lâché. Et pour leur faire honneur,
moi non plus, je n'ai pas lâché. J'ai mis 5 heures,
mais je suis allée au bout de ce foutu marathon.
Tout comme mon père, qui a 75 ans alors, n'a mis qu'une heure de plus que moi.
Et mon fils, qui a 17 ans seulement, bouclé clandestinement son premier marathon,
les doigts dans le nez. Et pour mémoire, je fêtais mes 49 ans ce jour-là.
Joyeux anniversaire, Maman ! Joyeux anniversaire,
Maman ! Original comme journée d'anniversaire, mais encore une fois,
si pendant le marathon j'avais adoré l'expérience de cohésion amicalo-familiale et que j'ai aimé passer mon anniversaire
avec ces gens-là, j'avais détesté l'expérience sportive.
J'en avais chié dans tous les sens du terme pendant la course,
crampes et autres réjouissances dont je vous passe les détails.
Je suis arrivée sur la ligne,
flinguée. J'ai détesté avoir mal, j'ai détesté la pression de devoir performer à date fixée en même
temps que tout le monde. J'ai détesté la foule, celle des coureurs et des supporters,
qui sont pourtant fort sympathiques. J'ai détesté le bruit,
les cris, les annonces aux speakers, les groupes de musique sur les côtés,
toute cette ambiance que tout le monde trouve absolument incroyable.
Misophone ? Oui, un peu. Agoraphobe ? J'assume aussi.
Misanthrope sur les bords ? Peut-être. Mais surtout,
et pour le coup sans aucun doute, coursophobes. Mes co-coureurs ont vécu un moment incroyable.
Ils ont adoré cette course, passé la ligne comme portée.
Ils étaient sur un nuage. Et moi j'étais plutôt sous le nuage,
et un nuage gris encore. Ce marathon ne m'aidait toujours pas à comprendre ce que mes proches pouvaient trouver d'intéressant à
tout ça. Le seul véritable bénéfice de l'affaire,
c'est que j'y ai gagné mes lettres de noblesse auprès de mon mec.
Non seulement je lui avais eu un dossard pour la diague,
mais j'avais réussi à finir ce marathon alors qu'il ne misait pas un copec sur moi au départ.
Enfin, de ce que j'ai compris. Inutile de vous dire que je n'ai aucune trace de Loïc disant ça tel
quel au micro. Alors vous allez me dire, j'aurais pu m'arrêter là.
Sauf que comme je suis un peu obstinée, que je reviens rarement sur mes engagements,
j'ai suivi mes proches dans une autre course, puisque j'avais encore dit oui dans un moment
d'ivresse, enfin, je veux dire de faiblesse. Un trail en montagne,
cette fois. Loïc et Yann s'étaient inscrits à un 55 km parce que Loïc avait besoin d'une course
validante, comme on les appelle, pour confirmer son inscription à la DIAG 2025.
Et que Yann, bah, ça l'amusait. « Seulement 55 kilomètres,
vous allez me dire ? » « Oui, mais avec 3800 mètres de dénivelé positif,
ce qui équivaut en réalité à 95 kilomètres à plat.
» « Ah, bon ! » Et nous, leurs femmes, on était inscrites dans la même catégorie,
pour le fun d'être sur la même ligne de départ qu'eux.
Mais c'était très clair entre nous. On y allait pour la balade.
Dans les Dolomites italiennes, ça allait être sublime.
Et on ferait ce qu'on pourrait, sans se mettre la pression.
C'est d'ailleurs pour ça que j'avais accepté. Enfin,
il paraît. Et puis, moi, je suis très claire sur le fait que cette course,
si je ne la finis pas et que je m'arrête, je m'arrêterai.
Tu vois, je n'ai pas la même pression. Le marathon,
je voulais le finir,
etc. Et surtout, c'est une course pour eux, pour toi éventuellement.
Et donc, moi, je ne veux pas faire mon boulet. Et ce n'est pas possible qu'on ait à m'attendre,
etc. Si je n'y arrive pas, je me démerderais, je ferais du stop,
je rentrerais, j'en sais rien. L'enjeu, de toute façon,
c'est que Yann et Loïc... Oui, la calife. Déjà, moi,
j'ai dit à Yann, tu t'occuperas absolument pas de moi.
Avec Laetitia, on va faire notre vie. Et moi, c'est l'endroit qui me paraît tellement joli,
j'ai tellement envie d'aller me balader, à la rigueur,
avec un chemin tracé, qu'on fera ce qu'on pourra faire.
Oui, mais je n'ai pas du tout la même pression. Non,
ça me rassure. Sauf que, hasard ou acte manqué, une semaine après le marathon,
je me foulais la cheville en me levant d'une chaise.
Si, si, je vous assure. Je n'ai donc pas pu m'entraîner comme il faut,
mais comme j'étais de toute façon moyen motivée,
ça m'arrangeait. Sans surprise, le trail des Dolomites ne s'est pas très bien passé pour moi.
Et ça a commencé avant même de partir. La veille du jour J,
je me suis retrouvée malgré moi avec une pression de malade.
Alors que j'avais accepté de m'inscrire à ce trail,
justement parce qu'on s'était dit pas de pression.
Encore aujourd'hui, j'ai du mal à m'expliquer pourquoi.
Toujours est-il que c'est monté d'un coup. Le fait d'avoir vu la taille de la montagne aggraver en
passant devant en voiture, le retrait des dossards,
la préparation du matériel, le repérage du parcours sur la carte,
le réglage du réveil à 3h du matin. J'étais pas bien.
Bon, on est la veille de la course et je suis quand même un peu prise par le stress.
j'ai du mal à garder ma bonne humeur je suis un peu silencieuse avec les autres mais je sais pas j'ai la boule au ventre
je me dis qu'en fait je suis totalement inconsciente je suis pas du tout préparé pour faire ce genre de choses je sais pas
pourquoi je les suis je sais pas pourquoi j'ai Dis-oui.
j'ai peur de me faire mal je sais pas j'avais dit que je me mettrais pas la pression et puis je sais pas j'ai quand même
le stress je sais pas si c'est parce que j'ai pas envie d'être nullissime une espèce de pensée magique où tu te dis que
en fait peut-être tu vas y arriver mais je suis pas dans un bon état d'esprit là faudrait que je Je suis déterminée comme
pour le marathon, mais là, je n'y suis pas. Ça fait chier.
Et une fois dans la course, je n'étais pas mieux.
J'étais mal équipée, mal préparée. Puis j'avais mal à la cheville,
vraiment mal à la cheville.
Du coup, j'étais encore plus lente que d'habitude.
Anne-Valérie devait sans cesse m'attendre. Encore plus que d'habitude,
je veux dire. Ce qui ne faisait que redoubler mon stress parce qu'en plus d'être à la ramasse,
moi, je la retardais, elle. Les garçons, on n'en parle pas,
ils étaient loin devant, mais ça, c'était normal.
Résultat, je me suis arrêtée au bout de 20 kilomètres.
Un peu pour qu'Anne-Valérie puisse continuer librement et avoir une chance de finir dans les temps.
Surtout parce que je sentais que j'arrivais à mes limites physiques.
Et ça m'a complètement flinguée le moral. J'ai chéri en arrivant.
Enfin, quand je me suis retenue devant Anne-Valérie parce que je voulais qu'elle reparte et qu'elle ne se pose pas de questions
sur moi. quand elle est partie. C'est toujours frustrant de ne pas aller au bout.
Moi, encore plus sur la viande. Mais après, c'est à la muraille,
tu vas te dire. Mais ce que j'ai fait, c'est impressionnant.
C'est beaucoup. Ça t'a permis de voir ce que c'était que ces espèces de montagnes.
J'ai fait quoi ? J'ai fait 1000 de dénivelé positif ?
1000 ou 1200. Il y en a beaucoup, hein. Tu as vraiment plus de dix fois mon marque.
J'ai du mal à expliquer, en fait, ce que ça m'a fait,
vraiment. J'ai quand même compris. Tu as fait un marathon,
cette année. Tu as fait un morceau de trail, violent,
extreme. Loïc a raison. 20 kilomètres sur ce genre de trail dit extrême,
c'est déjà énorme, surtout pour moi. Mais je voyais la performance des garçons et de ma belle-sœur,
qui a été au bout des 55 kilomètres, elle est toute seule en plus,
et aussi absurde que ça puisse paraître, ce qui était objectivement un réel exploit pour moi,
m'apparaissait au regard de tout ça comme une contre-performance.
En fait, je crois que contrairement à vous, Vous vous poussez dans vos limites pour arriver à un
truc, ça vous fait du bien. Et moi, ça me montre mes limites et ça me reconfronte à de l'échec et
ça me fait du mal. Mais bon, quelque part, j'ai été au bout de l'expérience physique dans laquelle
je m'étais lancée. J'ai traversé ce que mes coureurs traversent quand ils font ce genre de course.
Simplement, je ne l'ai pas vécu comme eux. J'avais mesuré le type d'efforts qu'ils fournissent.
J'avais aussi, comme Loïc Lordeladiag, senti le goût de l'échec,
même si tout le monde salue ta performance. Simplement,
je détestais l'expérience de tout ça autant que mes coureurs l'adoraient.
Et finalement,
cet événement, au lieu de me rapprocher d'eux, j'avais le sentiment que ça creusait le fossé entre
nous. Voilà, je suis entrée à Paris, là, du trail de malade,
là. Je redescends un petit peu, je reprends mes esprits.
Et je crois que j'enregistre un truc spontanément,
justement pour que ce soit un peu spontané et que je me souvienne de cette sorte de confusion dans
laquelle je me trouve. Parce que je ne sais pas pourquoi,
je suis paumée par rapport à ce truc. Je n'ai jamais prétendu être une traileuse,
je n'ai jamais prétendu que j'allais réussir cette course.
Je n'imaginais pas une seule seconde y arriver, ne serait-ce qu'un petit peu avant.
Et je n'arrive toujours pas vraiment à comprendre pourquoi ça m'a ébranlée à ce point,
que ça m'a anéantie comme ça. Sous-titrage FR ? Je sais pas,
peut-être que j'imaginais que j'allais avoir une épiphanie.
Que je me disais que d'un coup, j'allais comprendre ce qu'ils faisaient.
Et en fait, je comprends pas. Et puis... Je suis vraiment...
Moi, j'ai l'impression d'être... En fait, c'est moi qui suis devenue l'extraterrestre.
Au départ, j'ai quand même l'impression que c'est plutôt eux,
mais... Finalement, tout ça est tellement normal pour eux que c'est ceux qui le font pas qui
semblent anormaux. J'ai l'impression de perdre pied entre eux.
Je serais confus. Je sais plus où j'en suis. Oh la vache,
quand j'entends ma voix, ça fait tout drôle. J'étais vraiment au fond du trou ce jour-là.
Mais je vous rassure, j'ai rebondi. Comment ? Vous le saurez au prochain épisode.
La diagonale des autres. Un documentaire pensé, écrit et incarné par Laetitia Lantieri.
Co-produit par Octopus Productions. À la réalisation,
Laetitia Lantieri. À la co-réalisation et au son,
Alexandre Roussin. Musique originale, Alexandre Roussin.