LA DIAGONALE DES AUTRES - Épisode 5 - l'après course 2024
S01:E05

LA DIAGONALE DES AUTRES - Épisode 5 - l'après course 2024

Episode description

Dans cet épisode, je vous raconte les jours qui ont suivi la course (la fameuse Diagonale des Fous 2024)… ou comment après en avoir tous pris plein la tronche, on est passé de « plus jamais ça » à « bon ok, c’est d’accord, on y retourne ».

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Finalement, quand on regarde les photos, quand on regarde ensemble les trucs,

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on se dit, tu te rappelles là, puis la maison, c'était comme ça,

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c'était dégueu. En fait, on a des souvenirs galères forts,

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mais ensemble. Oui, mais ça, c'est le propre du souvenir galère.

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C'est-à-dire, une fois, quand le souvenir galère s'est bien terminé,

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en fait, ça devient des souvenirs... Ça ne faillit pas bien se terminer.

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Oui, mais le fait est que ça s'est bien terminé,

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on va dire. Et du coup, en fait, tu transformes ça dans des trucs qui sont super forts.

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Et surtout, les gens qui les ont vécu ensemble, ont un lien qui est spécial.

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Vous l'avez compris, la diag dans son ensemble, et plus particulièrement cette fameuse nuit de la

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Grande Confusion, qui est le sujet de l'épisode précédent,

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nous ont tous marqué au fer blanc. La Diagonale des Autres,

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épisode 5. Un petit peu enrhumé, mais bon, ça va le faire.

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Les jours qui ont suivi la course... Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

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Vous êtes paumés ? Bon, ok, je récapitule. Depuis le début de ce podcast,

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je vous parle de la diagonale des fous. Dans l'épisode précédent,

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je vous ai raconté la fin de notre course de l'année dernière.

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Course que Christophe, le beau-frère de mon beau-frère,

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a réussi à finir, que Yann, mon beau-frère, a fini également mais sans passer la ligne,

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et que Loïc, mon conjoint, n'a pas réussi à finir parce qu'il a perdu la tête en cours de route.

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« C'est bon, là ? Tout le monde y est ? » Alors je reprends.

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Les jours qui ont suivi la course, donc, on a tous accusé le coup.

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Coureur et accompagnateur. Moralement, c'est bien sûr pour Loïc que ça a été le plus dur.

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Il avait failli y arriver, mais il avait surtout failli tout court.

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Enfin, à son point de vue, du moins. Il se sentait merdeux.

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Il avait l'impression d'avoir trahi son frère, en plus de s'être trahi lui-même.

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L'impression d'avoir empêché Yann de finir, même si Yann se foutait de cette ligne symbolique et

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que pour lui, ligne ou pas ligne, il avait bouclé sa diagonale.

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Mais bon, c'était dur pour Yann aussi, qui avait le sentiment d'avoir abandonné Loïc,

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au sens propre comme au sens figuré. Mais il n'en parle jamais.

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Quand on aborde le sujet, il fait constamment des pirouettes.

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Moi, à la diagne, il y a un truc dont je me souviens,

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c'est les glaces. Les glaces ? J'ai acheté des glaces au Tamarin.

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Il s'est arrêté au supermarché ? Il s'est arrêté,

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il y avait un boui-boui sur le côté. Je me suis acheté...

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D'un village, quand tu montes dans le Colorado.

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Ça s'appelle la pudeur. Quant à Christophe, sur le moment,

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il est resté assez discret. Et personnellement, ce que je trouve cruel,

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c'est qu'on n'a pas vraiment célébré sa victoire.

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parce que c'est pas je te dis, puis de toute façon on était crevés en plus,

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de toute façon on était plus en mode putain il faut qu'on se retape quoi,

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tu vois ce que je veux dire et puis il y a quelque chose qui m'a aussi beaucoup aidé c'est que les

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garçons Tout de suite, notamment Loïc, regarde, Loïc,

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il n'a pas été pesant du tout, bien au contraire,

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donc je ne l'ai pas mal vécu du tout, au contraire,

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non, non, franchement, et puis, non, moi je te dis,

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le seul truc, c'était plus lié sans doute au visage marqué et en détresse de Yann à l'arrivée,

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moi je te jure et là je l'ai pas bien vécu ce moment je te le dis ça a été mon ça a pas été un bon moment c'est parce que

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ça m'a fait mal au coeur mais il était malheureux je te jure alors je me dis putain c'est l'arrivée de la course et le simple

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fait qu'il soit sans son frère putain il était dans un état de détresse en fait il était c'était une détresse absolue et

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le fait tu vois alors on tous respecte Et vraiment,

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là-dessus, moi, j'ai jamais eu la moindre idée du truc.

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Mais le simple fait qu'il était un zombie et puis détruit d'être tout seul.

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Et le simple fait qu'il arrive, j'étais là, qu'il se mette devant le stade et qu'il dise « je

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n'irai pas plus loin ». Vous voyez que quand je parlais de la pudeur de Yann,

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je n'exagérais pas. Mais bon, enchaînons. Au sortir de la course,

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on était tous physiquement HS. richesse. Coureurs comme accompagnateurs.

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On a beaucoup dormi, tous. On a beaucoup cauchemardé aussi.

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Pendant des jours et des jours, on refaisait la diague,

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encore et encore. Et puis les souvenirs se mélangeaient.

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Pas seulement ceux des coureurs et des accompagnateurs.

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On ne savait plus précisément ce qu'on avait vécu,

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ce qu'on avait imaginé, ce qu'on nous avait raconté.

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Autrement dit, la nuit de la grande confusion se prolongeait et portait décidément bien son nom.

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Les coureurs avaient des courbatures, bien sûr, mais paradoxalement,

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c'était Loïc qui s'en sortait le mieux, probablement du fait des remontants qu'on lui avait

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administrés à l'hôpital. D'ailleurs, dès le surlendemain,

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il motivait les troupes pour aller courir le petit bout de diag qui lui manquait.

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Et il l'a fait ! Physiquement, ça n'allait pas si mal,

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donc. Mais moralement, c'était pas vraiment ça. Alors il a fait bonne figure pour ne pas faire

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chier,

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comme disait Nadine de Rothschild et comme le soulignait Christophe tout à l'heure,

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puisqu'on avait prévu de passer une semaine de plus de détente à la Réunion,

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mais il ruminait. Et en rentrant à Paris, il ruminait encore.

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Yann en avait eu pour son compte. La diag c'était fini.

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Il avait mis une croix dessus. Anne-Valérie et moi pareil.

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On était doublement remontés. Parce qu'en plus d'avoir eu très peur,

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on trouvait que nos coureurs n'exprimaient pas assez leur reconnaissance pour nos efforts et notre

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dévouement. Alors dans des moments d'égarement, il nous arrivait parfois de parler au futur au lieu du conditionnel et de

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troquer sans le vouloir les « on aurait dû faire comme ci comme ça » contre des « la prochaine fois on fera comme ci comme

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ça ». Mais on se reprenait tout de suite. Et c'était très clair dans nos têtes.

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À toutes les deux, il était vraiment hors de question de remettre ça.

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On était hyper véhémentes. Oui, oui. Après, je pense qu'on était hyper véhémentes parce que,

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en tout cas en ce qui me concerne, je n'avais pas mesuré à quel point c'était important.

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Pour Yann, de la refaire, ou pour Loïc, de la refaire.

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Quand même, même si c'était important pour eux, je me disais,

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pour moi, non. Ah, pour nous deux ? Moi, je me disais,

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je n'ai plus envie de dire ça. Merci, c'est bon ?

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Oui, je suis d'accord. Les mois passant, les récits que Loïc faisait de sa course à son entourage,

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collègues, amis, amis d'amis, l'aidaient à digérer l'affaire.

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Et tous saluaient sa performance. Qu'il ait fini la Diagoupa,

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tout le monde était extatique. Les fans absolus comme les sceptiques.

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Et peut-être même plus encore les sceptiques. Je trouve ça fou,

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je trouve ça dingue, mais dans le bon sens du terme,

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c'est d'aller chercher une performance comme ça à nos âges,

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c'est fort, c'est très fort. 170 km, 175 km, je ne sais plus,

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en 48 heures, 72 heures, même en une semaine, c'est fou.

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Donc c'est fou, mais dans le bon sens du terme. Et puis c'est un bel exploit,

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c'est bravo. Pour moi, l'exploit, il est égal. Qu'il ait terminé ou pas,

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tu veux dire ? Oui, sur 100, s'il avait terminé,

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il avait mis le pied derrière la ligne, c'était 100.

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Et le fait qu'il soit arrêté 3 minutes avant avec un kilomètre parce qu'il y a eu ce moment de

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folie furieuse, c'est 99,9 sur 100. Mais oui, mais après,

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enfin voilà, quelque part, je suis en admiration,

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mais quelque part, ça me fait peur, votre détermination au-delà de...

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Oui, forcément, ça change que ça a plus de sens qu'il ne l'ait pas passé.

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fait l'histoire est encore plus belle comme ça et ce qui s'en est suivi alors je dirais pas la volonté de repartir mais en

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tout cas effectivement parfois un échec c'est ça a plus de sens que de réussir parmi les 2000 qu'on réussit ce qu'il aurait

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simplement brandi sa médaille voilà il est arrivé super alors que là il ya une dramatique c'est non mais après le mois pour

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lui j'aurais préféré qu'il a franchi ce que c'est ce qu'il voulait faire pour lui s'il y avait une petite de ma guette pour

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l'aider à avancer un peu plus, je l'aurais fait.

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Pour lui, parce que c'est ce qu'il voulait. Mais après,

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une fois que c'est terminé, il ne peut plus revenir dessus.

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C'est une plus belle histoire. Ça montre le lien qu'ils ont entre eux et qui est finalement un vrai

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lien de fraternité. Moi, ça m'a plus parlé que si ça s'était fini par ce qu'ils considèrent comme

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un succès. De toute façon, peu importe ce que les uns et les autres pensaient ou disaient,

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Loïc restait frustré. Frustrée d'avoir dû arrêter si près du but,

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et surtout frustrée d'avoir arrêté, non pas parce que son corps avait failli,

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mais parce que sa tête avait flanché. Alors oui,

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en réalité, c'est parce que son corps a morflé niveau hydratation que la tête en a pris un coup,

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mais ses muscles et ses jambes étaient en état de continuer.

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Loïc était littéralement devenu fou sur la route de Cala,

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où la légende raconte que sévit la sorcière du même nom.

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Hasard ou pas, je vous laisse juge. Mais se refaire le film de cette mésaventure le rendait encore

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plus fou. Et le pire, c'est que techniquement, il les avait vraiment fait,

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ces 175 km. Pour mémoire, 175 km, c'est la distance officielle annoncée par l'organisation.

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Mais au moment où Yann s'est arrêté devant la ligne d'arrivée,

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sa montre marquait très exactement 189,34 km. Allez,

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j'arrondis à 190. Sûrement du fait de tous les petits détours accumulés.

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Ce qui veut dire que Loïc, si on regarde à quel endroit il s'est définitivement arrêté et qu'on

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fait le calcul, a réellement parcouru 175 kilomètres.

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Peut-être même 176. D'ailleurs, c'est peut-être là la clé du mystère.

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Loïc s'était conditionné pour faire cette distance,

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et quand il l'a franchie, son cerveau a cru qu'il était arrivé et il a mis le haut là.

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Le dit cerveau a protesté une première fois pendant la nuit de la grande confusion,

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et puis comme il n'a pas été entendu, il a fini par couper le jus et déconnecter le système

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général. Loïc digérait mal la pilule, donc.

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D'ailleurs, en parlant de pilule, quand on veut le titiller,

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on lui demande s'il est encore dans la matrice. Et à Noël,

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il a même eu le droit à une illustration encadrée représentant une pilule bleue et une pilule rouge

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sur fond noir. Mais bon, je digresse. Après quelques mois,

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il a commencé à réaborder le sujet sur la pointe des pieds.

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À émettre l'idée de conjurer le sort et de réparer tout ça.

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Mais perso, le simple mot « diagonale », même sorti de son contexte,

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me provoquait des crises d'urticaire. Alors, définition du quadrilatère.

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Alors, si un quadrilatère est un rectangle, alors il a quatre angles droits,

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c'est un parallélogramme, et ces deux diagonales sont de même mesure.

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Non ! « Bah si. » Et puis en réalité, il n'y avait pas débat puisque Loïc ne se voyait pas refaire la diague sans Yann et

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que Yann clamait haut et fort qu'il était hors de question qu'il remette ça.

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Yann ne se voyait pas s'imposer ça une nouvelle fois et encore moins l'imposer à sa femme qui était tout aussi fermée que

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moi à l'idée. J'avoue que c'était plutôt rassurant.

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Yann m'apparaissait comme une sorte de barrage protecteur retenant les os de Loïc et les empêchant de se déverser sur le

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petit village tranquille que j'étais qu'elle épépouse dans la vallée.

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Et puis, le barrage a commencé à se fissurer. Loïc était tellement obsédé par la diague qu'il s'est mis à envisager de la

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refaire sans Yann. Alors de mon côté, j'ai commencé par mettre un doigt dans la fissure du barrage pour empêcher cette idée

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de jaillir. Et puis pour réfléchir aussi. Mais je savais pertinemment que j'avais très peu de temps avant que l'ensemble du

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barrage ne lâche. Et c'est le moment où j'ai dû faire face à un vrai débat intérieur.

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Façon, est-ce que tu préfères, comme dirait mon fils ?

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Tu préfères ton père ou ta mère ? Non, mais tu sais,

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si tu préfères qu'on te coupe un bras, le plus classique,

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c'est le bateau. Tu préfères avoir des pieds à la place des mains ou des mains à la place des pieds

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? Alors, par rapport à la diagonale ? Tu préfères les voir crever de loin ou de très loin ?

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Ouais, ça marche pas mal. Tu préfères les voir crever et essayer de faire quelque chose,

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mais ça marche pas, ou les voir crever et pas pouvoir faire quelque chose,

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donc ça marche moins ? C'est pas mal. Tu préfères aller à la diagonale ou les voir revenir à

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l'horizontale ? Est-ce que je revenais sur ma décision ?

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Est-ce que j'accompagnais une nouvelle fois Loïc sachant que j'allais revivre ce parcours du combattant que je n'en récolterais

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sûrement pas plus les lauriers que la première fois que l'équipe accompagnante serait probablement clairsemée et que si

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la malchance se jouait de nous cette aventure ne réparerait pas le mal-être de Loïc Après tout,

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il était tout à fait possible qu'il n'atteigne de nouveau pas la ligne d'arrivée surtout s'il courait sans son frère Ou bien

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est-ce que je décidais de camper sur mes positions et de laisser Loïc repartir seul quitte à devoir vivre un nouveau drame

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mais à distance Sous-titrage ST'501 Pas sûr que vous compreniez pourquoi j'ai choisi la deuxième

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option. Moi-même, il m'arrive de ne plus trop comprendre,

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mais bon. Enfin, je dis ça, mais en réalité, vous savez quoi ?

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Je crois que c'est en écrivant ces lignes... Oui,

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parce qu'en fait, j'ai tout écrit avant d'enregistrer,

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je ne parle pas comme ça spontanément. Je disais donc,

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c'est en écrivant ces dernières lignes et en cherchant à vous expliquer les choses que les pièces du puzzle s'assemblent et

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que je comprends moi-même petit à petit pourquoi nous avons finalement tous accepté de repartir

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pour un tour. C'est les raisons d'avancer qui sont perturbantes.

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Moi c'est ça qui m'a fait beaucoup réfléchir. C'est pourquoi tu le fais ?

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Pourquoi ils le font ? Pourquoi nous on le fait ?

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Et t'as trouvé une réponse ? Moi je crois que c'est l'amour C'est une bonne raison Je vois pas Du coup ça ça a toujours

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été là C'est peut-être juste que tu te racontes Quelque chose de différent en fonction des périodes Oui après c'est Quelle

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est la limite En ce que tu peux donner par amour Et accepter pour toi comme compromis Par rapport à qui tu es Oui ça c'est sûr

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Ce n'est pas la première fois que les discussions avec ma nièce Swazik m'aident à avancer sur

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moi-même. C'est drôle, ça. Alors, quand je parle d'amour,

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je fais référence ici à l'amour que je porte à Loïc,

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qui est un amour entier, héros, agapé, philia, amour-passion,

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amour-amitié et amour-profond. Mais ce qu'il y a de beau dans cette histoire,

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et que je suis en train de comprendre en cours de route,

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c'est que sont venus se greffer d'autres types d'amour,

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et ce, après qu'on ait décidé de refaire cette deuxième diagonale en solo.

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Enfin, en duo, Loïc et moi. Enfin non, en quatuor avec les enfants,

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mais sans Yann, Anne-Valérie est solenne. Je veux parler de l'amour familial,

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de l'amour amical et de l'amour qu'on a tous ressenti pour l'aventure que nous avons vécue ensemble

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lors de la Diag 2024. On n'a pas nécessairement aimé ce qu'on a traversé,

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mais on a aimé le traverser ensemble, comme je le disais dans l'extrait que vous avez entendu en

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début d'épisode. Vous trouverez peut-être ça kitsch,

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mais tant pis, c'est ce que je pense.

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La preuve en est qu'au mois de janvier, Anne-Valérie offrait à Yann un cadeau d'anniversaire un peu

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spécial. Yann, je lui ai offert la diagonale. En fait,

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non, c'est pas que je lui ai offert la diagonale.

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Je lui ai offert mon autorisation à refaire la diagonale.

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Et tu te souviens, je lui avais envoyé... En fait,

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je lui avais remis dans une enveloppe. Là, par contre,

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en plus, je l'avais vraiment inscrit, le trail des 80 kilomètres,

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le trail des mondes, je sais pas quoi, là. Des Flandres.

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Ouais, et je lui avais offert ça parce que je pensais qu'il avait besoin d'une deuxième course pour

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la diagonale. Et en fait, il n'avait pas besoin, mais c'était la façon de lui faire passer le

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message. En fait, mon cadeau, c'était tu as le droit d'aller te refaire chier pendant 160

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kilomètres, 170. Alors, il m'a dit qu'il avait rajouté 5 kilomètres.

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Mais je reviens quand même à ce qu'on disait tout à l'heure parce qu'en fait,

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on a des seuils d'acceptation. Souviens-toi de mon père Ah oui Après très vite Pas le premier mois après la diag Parce que

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le premier mois après la diag Vraiment Yann était pas bien Il a chopé tous les virus Il était pas bien Et donc il en parlait

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plus Petit à petit quand il allait mieux J'ai bien vu que c'était quand même un truc Surtout que Loïc lui continuait d'en parler

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En disant que lui très vite Il a dit qu'il allait la refaire Bon bref À ce moment-là,

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j'ai bien mesuré que c'était important qu'Yann y retourne.

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Autrement dit, Anne-Valérie donnait son aval à Yann pour qu'il accompagne son frère,

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et puis aussi, elle me l'a dit plus tard, pour m'accompagner moi,

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pour ne pas me laisser toute seule dans cette galère.

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Quand je vous dis que cette aventure est un ascenseur émotionnel,

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c'est bien simple, ces rebondissements de situation sont dignes d'une tragédie grecque.

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Va, frère, cours sans moi. Je me meurs en ce chemin de calas pris dans les filets de la sorcière.

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Mais je t'en conjure, finis cette course pour moi,

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finis cette course pour nous deux. Non, frère, je ne peux finir sans toi.

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Franchir cette ligne reviendrait à te trahir, et je préfère encore trahir mes rêves.

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Mais Yann, tu le sais, cette aventure est unique !

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Jamais tu ne revivras ce moment ! Oui, non, peut-être,

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mais bon... Car, pour refaire la Diagonale des Fous,

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il faudra nous passer sur le corps ! Ah ouais ? Sérieux ?

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Bon, bah, ok alors ! Là où la tragédie continue,

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enfin on se comprend, à toute proportion gardée,

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c'est que l'équipe ne sera malheureusement pas au complet pour cette nouvelle aventure

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diagonalesque.

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Solène ne viendrait pas, nouveau boulot, pas de vacances.

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Christophe était toujours sur la liste d'attente,

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très près du but mais sans aucune certitude d'avoir un dossard.

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Et quoi qu'il advienne, sa femme Sophie ne serait pas des nôtres.

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Et pareil pour mon ami Kelvin, qui avait envisagé de venir s'ajouter à la liste des

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accompagnateurs, ce qui avait été plus qu'une carotte dans le marasme émotionnel que représentait la perspective d'une deuxième

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diagonale pour moi. Mais bon, c'est comme ça. Alors,

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je résume avant de boucler l'épisode. Pourquoi j'accompagne Loïc dans ses délires tréliens ?

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Ça c'est bon, j'ai compris. Par amour. Pour lui,

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pour mes proches et pour ce que je vis avec eux.

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Pourquoi Loïc et Yann refont-ils la diague ? Ça c'est bon,

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j'ai compris aussi. Enfin, je crois. Pour réparer quelque chose.

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Corriger un raté. Ils veulent finir la diague ensemble.

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Et le mot le plus important de cette phrase n'est pas le mot finir,

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mais le mot ensemble. C'est la diague. C'est magique.

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Et si on arrive à terminer avec Yann ensemble là,

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ce serait... Pour moi, c'est ce qu'on peut faire de nous.

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C'est vrai. Je t'ai jamais vu comme ça, je crois.

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On a eu... Même si on n'a pas été ensemble au bout,

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etc. C'était une aventure humaine à deux avec mon frangin.

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et c'était et je veux revivre ça en revanche ce que je ne sais toujours pas vraiment c'est après quoi Loïc et Yann courent

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non mais c'est vrai quoi pourquoi courir et surtout pourquoi courir autant bon alors là du coup pour essayer de mieux les

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comprendre je me suis mise à non mais en fait j'ai plus le temps là bon je vous raconterai ça au prochain épisode La diagonale

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des autres Un documentaire pensé, écrit et incarné par Laetitia Lantieri.

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Co-produit par Octopus Productions. À la réalisation,

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Laetitia Lantieri. À la co-réalisation et au son,

19:46

Alexandre Roussin. Musique originale, Alexandre Roussin.

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Sous-titrage ST'501