La Diagonale des Autres - Épisode 1 - c'est quoi "La Diag"
S01:E01

La Diagonale des Autres - Épisode 1 - c'est quoi "La Diag"

Episode description

Dans cet épisode, je vous fais un petit aperçu de ce qu’est la Diagonale des Autres et pourquoi/comment je me suis embarquée là-dedans avec ma famille : les coureurs… et les non-coureurs !

Download transcript (.srt)
0:00

Pour moi, cette course, c'est la première barrière psychologique que j'ai franchie,

0:07

je crois. C'est une époque où je me rendais encore compte de ce que je disais.

0:14

C'est vrai, quand Anne-Valérie nous a appelées au milieu de la nuit en me disant « il faut

0:18

absolument vous l'encourager, il va craquer », j'ai dit « allez,

0:23

plus que 80 kilomètres ! » en me disant « Mais qu'est-ce que je raconte ?

0:30

» Aujourd'hui, ça ne nous choque plus du tout. Aujourd'hui,

0:33

on est insensibilisés. Ça, c'est moi qui discute avec mon chéri et son frère.

0:43

Ils sont, disons, mes sources d'inspiration. Bon,

0:46

ok, mes sujets d'études. Mes rats de laboratoire,

0:49

si vous préférez. Mes hamsters qui courent dans la roue.

0:52

Sauf qu'en réalité, ils s'y sont mis tout seuls dans la roue.

0:54

et que c'est plutôt moi qui ai le sentiment d'être un sujet d'expérience.

0:58

C'est même d'ailleurs un peu pour ça que je fais ce podcast.

1:00

Pour me réapproprier les choses. Fermienne, une histoire qui m'échappe en partie.

1:19

La diagonale des autres, épisode 1. Dans l'extrait que vous venez d'entendre,

1:23

j'évoque avec étonnement et je dirais même une pointe de sidération tant je ne reviens toujours pas d'avoir parcouru un

1:29

tel chemin mental, l'époque où je trouvais encore totalement hallucinant que des gens puissent courir une centaine de kilomètres

1:35

sans s'arrêter, en partie la nuit, la frontale vissée à la tête,

1:38

telle des cyclopes nictalopes. Mais ça, c'était avant.

1:43

Avant que mon beau-frère Yann, celui qui ricane,

1:46

ne gouroutise mon mec Loïc, l'autre couillon qui ricane.

1:49

avant qu'ils ne sombrent tous deux dans le trail et même l'ultra-trail,

1:53

et surtout, avant la diagonale des fous. Petite parenthèse avant de rentrer dans le vif du sujet.

1:59

Assistant vocal sportif, c'est quoi un ultra-trail ?

2:05

On parle d'ultra-trail quand un trail, c'est-à-dire une course à pied en milieu naturel,

2:11

dépasse les 80 kilomètres. Bon, déjà, ça vous plante le décor.

2:15

Mais laissez-moi vous expliquer ce qu'est cette fameuse diagonale des fous.

2:19

La Diagonale des Fous, qu'on appelle même la Diague dans le jargon,

2:23

faut vous y faire parce que vous allez beaucoup l'entendre ce terme.

2:25

La Diague donc, est le surnom donné à un ultra-trail au cœur de l'île de la Réunion,

2:30

qui réunit un peu plus de 2000 coureurs chaque année depuis 1989.

2:34

Son véritable nom est le Grand Raid de la Réunion,

2:36

anciennement appelé Marche des Cimes. Bon, perso,

2:40

je trouve ce nom d'origine plus élégant, mais j'imagine qu'il a été jugé trop poétique,

2:44

ou du moins pas assez dramatique, pour permettre de véritablement mettre en garde les audacieuses et audacieux pris par l'envie de

2:50

parcourir 175 km sur 10 500 m de dénivelé positif.

2:54

Oui, vous avez bien entendu, j'ai dit audacieuse et audacieux,

2:58

parce que pour une fois, et contrairement à d'autres disciplines,

3:01

la course à pied est un sport très paritaire. Et j'ai surtout dit,

3:05

vous avez bien entendu aussi, 175 kilomètres sur 10 500 mètres de dénivelé positif.

3:12

Assistant vocal sportif, c'est quoi un dénivelé positif ?

3:17

Le dénivelé positif est la somme de toutes les altitudes qui sont à monter pendant une course.

3:22

il permet d'évaluer son niveau de difficulté. Voilà.

3:26

Sauf que qui dit montée, dit descente. Et ça, on en parle moins.

3:30

Pourtant, ça n'est pas forcément le plus facile.

3:32

Surtout quand on est au beau milieu des montagnes,

3:34

des forêts, des cirques et des pitons rocheux, qu'il y a des apiques partout,

3:38

des rivières à traverser, des champs de boue à franchir.

3:41

Mais bon, c'est un autre sujet. Toujours est-il que certains et certaines trouvent pittoresque de découvrir ce joyau du

3:47

patrimoine mondial de l'UNESCO qu'est l'île de la Réunion en courant.

3:51

Et que pour leur faire plaisir, un petit trail est donc organisé au mois d'octobre au départ du sud

3:56

de la ville de Saint-Pierre, avec une arrivée 175 kilomètres plus loin donc,

4:00

dans le centre de la ville de Saint-Denis. Alors oui,

4:03

je sais, courir et marcher plus de 20 heures d'affilée paraît comme ça inconcevable,

4:08

inenvisageable pour le commun des mortels. Mais croyez-moi,

4:11

c'est tout à fait ok pour des Mathieu Blanchard et des Manon Boart,

4:14

qui sont les vainqueurs de l'année dernière. Il n'y avait qu'à voir leur tête à l'arrivée,

4:17

ils sont sortis de là presque frais. Enfin, comparativement aux autres,

4:21

j'entends. La plupart des coureurs et des coureuses s'écroulent en passant la ligne d'arrivée.

4:26

Mathieu Blanchard, lui, on le voit continuer à courir pour taper dans les mains du public.

4:30

Et il donne des interviews. On est quand même étonnés de vous arriver aussi frais.

4:33

Vous auriez pu encore faire 25 kilomètres comme ça ?

4:36

C'est une poker face, c'est ça. Non, oui, j'aurais peut-être pu faire 25 kilomètres de plus.

4:41

Il n'y a pas vraiment de limite, en fait. Mais je suis épuisé,

4:46

là, en fait. Je suis vraiment, vraiment épuisé. Dans la dernière descente,

4:49

je suis tombé plein de fois, je n'avais plus de lucidité,

4:51

je ne voyais plus rien. Et il était temps que ça finisse quand même avant de se faire mal.

4:56

Oui, enfin, le type enchaîne quand même sur presque 10 minutes d'interview.

4:59

C'est d'ailleurs tout le vice de la diagonale et des trails en général,

5:02

puisque paradoxalement, les meilleurs runners sont celles et ceux qui s'abîment le moins.

5:07

Bah oui, parce que je peux vous dire que quand on endure le même trajet en 40,

5:10

50 ou 60 heures, les séquelles ne sont pas tout à fait les mêmes.

5:14

Je ne sais pas si vous vous imaginez ce que le tout dernier gars qualifié,

5:17

Didier Maramas, a enduré en 65 heures, 57 minutes et 29 secondes de trail.

5:24

66 putains d'heures à monter, descendre, pour remonter,

5:27

redescendre, encore et encore, à taper dans les muscles,

5:30

à prendre dans les articulations, à dormir par tranches de 10-20 minutes par-ci par-là,

5:34

à boire et manger ce qu'on peut comme on peut, Soixante-six heures !

5:38

Tout le monde là, c'est trois nuits et trois jours !

5:42

Non, attendez, je décompose parce que je veux que tout le monde se rende bien compte.

5:47

C'est un soir, puis une nuit, une journée entière,

5:52

puis un autre soir, une autre nuit, et re une journée entière,

5:56

re un autre soir, re une autre nuit, et une grosse demi-journée en plus.

6:00

Assistant vocal sportif... Pas la peine de me poser la question,

6:03

j'ai la réponse. La plupart des gens pensent que l'ultra-trail,

6:07

c'est ultra-con. Oh putain, j'en peux plus. De fait,

6:13

c'est un point de vue partagé par beaucoup de monde,

6:15

moi la première, mais ce n'est pas sujet pour le moment.

6:17

À ce stade, ce que je voulais, c'était vous faire comprendre,

6:21

et normalement ça doit être bon, pourquoi cet ultra-trail a été rebaptisé la Diagonale des Fous.

6:26

Alors des Fous, moi, j'en ai deux dans ma famille.

6:29

Vous les avez déjà entendus en début d'épisode. Il s'agit de Loïc,

6:32

ma moitié, et Yann, son frère. Après j'en côtoie de fait d'autres,

6:36

mais ils sont moins proches ou moins fous. Mais Yann et Loïc n'ont pas toujours été comme ça.

6:41

C'est même assez récent, à vrai dire. Pour vous retracer un peu comment tout a commencé,

6:45

c'est mon beau-frère Yann qui est tombé le premier dans la marmite de la course à pied et qui a

6:49

entraîné, au sens figuré comme au sens propre, son frère Loïc.

6:53

Loïc et moi, on avait commencé à courotter en couple au moment du deuxième confinement parce qu'on n'avait pas envie de

6:57

reproduire l'expérience pondérale du premier confinement qui nous avait fait prendre 10 kilos.

7:01

Pas 10 kilos à deux, 10 kilos chacun. Et puis, je ne sais pas bien comment,

7:05

un mélange de fusion fraternelle presque gémellaire,

7:07

de crise de la cinquantaine rayonnante, de prédilection pour les défis à la con,

7:12

et puis il faut bien leur reconnaître ça aussi, une volonté haut niveau,

7:17

Loïc et Yann sont passés du jogging du dimanche au marathon,

7:20

des marathons au trail, et quasiment sans transition,

7:23

ils se sont retrouvés à faire la diagonale l'année dernière.

7:27

Mais ce qui est extraordinaire, c'est que ce sont des fous lambda.

7:32

Pas des fous professionnels, ils ont un vrai travail à côté,

7:35

et même plutôt prenant, chacun dans son genre. Pas des fous forcenés,

7:44

dans le sens où ils ont une vie en dehors de la course,

7:46

une famille, des amis, des activités. Pas des fous ayatollahesques non plus,

7:53

puisqu'ils sont amateurs de bonne bouffe, qu'ils sont loin d'être les derniers à lever le coude,

7:56

et que certains diront même qu'il ferait mieux de le lever un peu moins en période d'entraînement

8:00

et hors entraînement. Vous voulez rien boire ? C'est un changement.

8:03

Ça ? Ça ne vous intéresse pas ? Non, ça ne me intéresse pas.

8:08

Là, on a commencé à la bière. Et sinon, il y a du rose,

8:13

le frais, il y a du blanc, le frais, il y a du champ.

8:15

Et si Yann était un peu plus expérimenté, Loïc n'avait fait que deux trails avant de se lancer.

8:19

Tout ça pour dire qu'ils ne sont ni champions, ni médiatisés,

8:23

ni surentraînés. Ils font partie de cette grande majorité des autres coureurs,

8:27

dont on ne parle pas, qui s'accrochent à ce rêve un peu fou de tenter leur chance à la Diag.

8:32

Une diagonale qu'ils ont plus ou moins réussi à faire l'année dernière,

8:34

avec tout un tas de péripéties, de rebondissements,

8:37

de joies et de déconnues qui expliquent en partie pourquoi ils veulent la refaire cette année.

8:41

Oui, ça a l'air assez dingue. Je pense qu'on ne peut pas comprendre,

8:43

en fait. Ceux qui ont vécu à l'extérieur peuvent comprendre.

8:49

Alors si, justement. Avec ce podcast, j'espère réussir à vous faire comprendre ce qu'on a vécu.

8:54

Mais je vous raconterai ça plus tard. Pour en revenir à ce que je disais,

8:57

je range donc Loïc et Yann dans la case des autres coureurs.

9:00

Quant à moi, enfin nous, leurs femmes, leurs enfants,

9:03

leurs parents, leurs amis, leurs collègues, nous sommes d'autres autres encore,

9:07

ceux dont on parle encore moins, ceux qui restent dans l'ombre de leurs coureurs pour les épauler,

9:11

les soutenir, les accompagner moralement pour certains,

9:14

et c'est déjà beaucoup, physiquement et matériellement pour d'autres,

9:17

et c'est toute une histoire. Une histoire qui m'intéresse tout particulièrement,

9:21

puisque je suis dedans jusqu'au cou.

9:24

Dans cette histoire, vous allez entendre plein de monde,

9:26

mais je vous présente les principaux protagonistes,

9:28

en dehors de Loïc et Yann. Non mais déjà, il faut que je vous présente,

9:32

regardez. Eh, tu as un bon number ? Oui. Bonjour micro.

9:36

Bonjour micro. Loïc, bonjour micro. Bonjour micro.

9:39

Et du coup, c'est ça ? Il y a Anne-Valérie, la femme de Yann,

9:43

ma belle-sœur adorée. Tu vas nous faire quoi là ?

9:46

Tu vas enregistrer nos voix ? Je suis en train de t'enregistrer là.

9:49

Pour l'IA ? Oui. Bonjour Laetitia. Il y a mes neveux et nièces,

9:56

les enfants d'Anne-Valérie et Yann Solène, qui est venue avec nous l'année dernière Bonjour Bonjour

10:01

micro Soisique, qui n'est pas venue avec nous l'année dernière Moi je pense que c'est pour ça que peut-être je suis un peu

10:07

plus extérieure quand même Qui de ce fait a plus de recul Mais qui de toute façon et par nature est toujours beaucoup dans

10:13

l'analyse des choses Donc il y a aussi ce truc sociétal quand même Et Aymeric,

10:19

qui lui n'a pas du tout envie de parler J'ai pas envie de parler Comme ce sont de grands enfants

10:23

maintenant, de 28, 27 et 23 ans, il y a leur plus un aussi.

10:27

Clément, Malo et Liora, vous les entendrez plus tard.

10:30

Et puis il y a mes enfants à moi, enfin à nous, ceux qu'on a coproduits avec Loïc.

10:34

Ange, 17 ans, et Maë, 14 ans, qui nous avait tout comme Solène accompagnés l'année dernière.

10:39

Ça, c'est Ange qui fait le malin avec mon micro pendant que j'ai le dos tourné.

10:44

Mais il sait aussi dire et faire des trucs intelligents,

10:46

je vous rassure. Et voilà Maë. Il s'est tellement capable de le faire.

10:53

On va dire qu'ils ont des couilles quand même On ne dit pas de son papa et de son tonton Il faut dire qu'ils ont des couilles

10:58

quand même Ange lui a dit bite dans le micro C'est parce que je suis une fille c'est ça ?

11:05

C'est parce que je suis une femme ? Mais pour qu'il y ait une histoire Il faut déjà qu'il y ait un dossard Et rien que ça

11:11

c'est déjà une épreuve La course à pied étant devenue un véritable phénomène sociétal Et pas seulement chez les cinquantenaires

11:17

Toutes les courses même les plus confidentielles et les plus ardues Jusque là briguées seulement par les initiés sont aujourd'hui prises

11:22

d'assaut. Et la Diag ne fait pas exception, bien sûr.

11:26

Cette année, les dossards sont partis plus vite que les places pour le concert de DJ Snake au Stade

11:29

de France. Et puis, comme toujours, quand il y a une telle demande,

11:33

le serveur a complètement saturé. On n'arrivait pas à se connecter.

11:37

Et quand on y est arrivés... Mais donc là,

11:41

on n'a rien à faire ? On attend juste 11h ? On attend qu'ils ouvrent la page.

11:48

Normalement, cette page, elle va changer en 4 minutes.

11:52

D'accord. Il faut rafraîchir. Je rafraîchis, je rafraîchis.

11:58

Et toi, tu rafraîchis ? Ouais. Ça y est, il est 11h.

12:05

Je sais, ouais. C'est parti ! À suivre ! Sous-titrage ST'501 Sous-titrage ST'501